« Le lien entre l’Eglise et l’Etat s’est abîmé. Il nous appartient de le recréer », déclare Emmanuel Macron.
Pourtant « La République ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte. », dispose le texte de 1905 instituant la séparation entre Etat et religions. Ce principe de laïcité est d’ailleurs inscrit dans la Constitution de 1958 : « La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale ». 60 ans plus tard, Emmanuel Macron foule aux pieds ce pilier de notre démocratie : un exemple supplémentaire, s’il en fallait, que le « nouveau monde » promis est en réalité un retour en arrière lourds de conséquences sur notre capacité à vivre ensemble, chacun.e à égalité.
La déclaration d’Emmanuel Macron est parfaitement déplacée au moment où la laïcité sert de prétexte pour stigmatiser certain.e.s de nos concitoyen.ne,s en raison de leurs croyances, réelles ou supposées.
Alors que la France est de moins en moins une République sociale , cette volonté de resserrer les liens avec quelque église que ce soit ne peut pas être une priorité. La priorité, c’est l’attention portée aux personnes les plus démunies, fuyant des pays étrangers en guerre, soumises à des faits de discrimination et/ou à des propos stigmatisants.
C’est le maintien des prestations sociales, d’un impôt équitable, d’un droit à ne pas se tuer à la tâche.C’est le maintien d’un service public permettant à chacune et à chacun de vivre en bonne santé et d’aller et venir dans tout le territoire.
C’est le respect des droits de chaque personne. Il y a urgence à resserrer les liens, oui, mais certainement pas avec l’Eglise
Des déclarations inqualifiables pour les personnes LGBT, les femmes et les personnes migrantes
Emmanuel Macron valorise le fait que l’Eglise accueille toutes les familles. Ce faisant, il oublie qu’au nom de la religion catholique, la Manif pour tous s’est dressée contre l’égalité des droits (à se marier et à fonder une famille), que de nombreux cadres de l’Église (notamment Mgr Vingt-Trois dans sa Lettre aux évêques de France, envoyée le 25 juillet 2012) s’en sont également pris à l’ouverture du mariage aux couples de même sexe et à l’homoparentalité.
Il omet avoir déclaré que la Manif pour tous avait été humiliée. Il occulte que son Premier Ministre a voté contre l’ouverture du mariage aux couples de même sexe. Et que l’un de ses ministres, a déclaré, en tant que Maire, qu’il ne marierait pas deux personnes du même sexe.
Ce sont les personnes LGBTQI qui sont humiliées par ces propos d’Emmanuel Macron sur l' »Eglise », qu’il présente sous un jour flatteur qui ne saurait cacher les messages de haine et d’exclusion que nous rappelons.
En plein débat sur la révision des lois de bioéthique, Emmanuel Macron affirmer qu’il entend « l’Eglise lorsqu’elle se montre rigoureuse sur les fondations humaines de toute évolution technique ». Difficile de ne pas s’inquiéter du poids qu’il entend donner aux positions de celles et ceux qui se battent contre l’égalité des droits pour toutes et tous et contre la possibilité pour chacun-e de mourir dans la dignité.
Par ailleurs, Emmanuel Macron établit un parallèle douteux entre la défense par l’Eglise de la vie à naître et celle des personnes réfugiées. A l’heure où les femmes recourant à un IVG en France sont encore harcelées par des extrémistes, où la clause de conscience est encore invoquée, à l’heure où le Vatican joue un rôle diplomatique considérable dans le monde contre le droit des femmes à avorter, alors que la Pologne attaque toujours plus le droit à l’avortement et où l’Irlande elle-même très catholique est en passe de l’autoriser, ce propos est inexcusable.
Il déclare en outre, que l’accueil des personnes migrantes « mobilise notre part la plus humaine ». Quand la loi Asile et Immigration à venir institutionnalise la maltraitance, quand des réfugié·e·s meurent aux portes des centres d’accueil et les enfants / mineurs sont incarcérés en centre de rétention, quand elles et ils ne sont pas livré·es à la rue et aux trafics des passeurs, cette déclaration relève de la tartufferie coupable. Comble de l’hypocrisie, Emmanuel Macron cite la « prudence » invoquée par le pape concernant ces migrant·es alors que nous savons que ce pape incite à un accueil les bras ouverts !
EELV dénonce l’atteinte à la laïcité que constituent les propos d’Emmanuel Macron, qui s’avèrent être de surcroît la justification de politiques inhumaines et discriminantes à l’encontre des plus vulnérables.