Le Président de la République a annoncé aujourd’hui un plan de relance du secteur automobile. Europe Écologie Les Verts est bien entendu mobilisé pour sécuriser l’avenir des 400 000 employés directs de ce secteur, dont 50 000 seraient menacés selon le CNPA. Nous déplorons à ce titre, le manque de concertation avec les régions et les ONG pour l’établissement de ce plan.
Malgré les 8 milliards d’euros annoncés, le plan de relance envisagé n’est malheureusement pas le plan de moyen terme qui aurait été nécessaire pour permettre à ce secteur de résister aux chocs économiques et écologiques futurs, et d’assurer un emploi pérenne aux salariés de ce secteur qui sera, quoi qu’il arrive, fortement impacté par les chocs environnementaux. Rappelons que la loi d’orientation des mobilités a consacré l’interdiction de la vente de véhicules thermiques d’ici à 2040, et que pour respecter une trajectoire conforme aux accords de Paris, il faudrait même interdire la vente de véhicules thermiques en 2028.
Les primes à la conversion doivent comporter des bonus/malus en fonction du poids des véhicules.
Nous proposons de mettre en œuvre un plan de sortie diesel et essence comme c’est déjà le cas au Danemark : instituer un mécanisme de bonus malus en fonction du poids du véhicule, encourager les voitures qui consomment un maximum de deux litres sont autant de pistes avancées pour en finir avec ces carburants d’ici 2030.
Le tout-électrique : un miroir aux alouettes
Le plan annoncé aujourd’hui par Emmanuel Macron semble considérer l’électrique comme l’alpha et l’oméga de la reconversion énergétique du secteur. Or, nous ne devons pas céder à ce mirage. “Il est illusoire de penser que l’électrique est l’avenir du secteur automobile. On fait la même erreur qu’avec le chauffage électrique il y a 50 ans” note Karima Delli, présidente de la Commission Transports au Parlement Européen. Miser sur le tout électrique demain, sera d’évidence un échec environnemental . En effet, à cause des métaux qu’elles requièrent, les batteries ont une disponibilité limitée et une production très polluante. Elles ne seront pas en capacité de substituer tout le parc de véhicules thermiques. Il faut donc s’interroger sur les priorités d’affectation. Rappelons qu’une voiture électrique devient « propre » à partir de 50 000 kilomètres !
La relocalisation doit être effective, et européenne !
La relocalisation, envisagée par le plan du gouvernement mais dont il faudra valider l’effectivité, ne doit pas être seulement nationale : il est temps de considérer enfin la chaîne de production à l’échelle européenne. Cette stratégie, aussi ambitieuse que nécessaire, demandera d’harmoniser les coûts de la main d’œuvre, de créer des indicateurs sociaux et environnementaux fiables, mais aussi de taxer les véhicules importés à l’intérieur de l’Union pour éviter la concurrence déloyale.
Bien sûr, ces mutations profondes devront procéder d’un changement de modèle complet qui accordera une large part aux mobilités alternatives. Demain, il n’y aura probablement pas un seul type de motorisation, mais une pluralité de solutions. La question est de savoir si ces différents types seront adaptés aux usages dans une perspective durable ou bien s’ils poursuivront la gabegie énergétique. À moyen terme, l’objectif demeure la décongestion des routes qui permettrait plus de sécurité et surtout plus d’investissement pour les mobilités alternatives. Nous le répéterons le nombre de fois qu’il le faudra, il n’existe pas de solution technologique miracle pour en finir avec le trafic ! Qu’elles soient propres ou non, nous devons diminuer le nombre de voitures sur la route.
Changer de paradigme : les constructeurs doivent rester propriétaires des moteurs !
Nous avons conscience que ces propositions passent par un changement de paradigme qui dépasse l’achat personnel. Les constructeurs devront comprendre que la voiture sera un service et non plus une propriété. Nous allons passer de la voiture individuelle à une voiture partagée et adaptable. C’est la raison pour laquelle nous pouvons exiger des constructeurs qu’ils soient propriétaires des moteurs, afin qu’ils en assurent le maintien en parfait état de fonctionnement ainsi que leur recyclage en fin de parcours. Un tel système permettrait la formation d’emplois qualifiés et enfin indélocalisables !
Un plan pour le secteur, mais pas pour les salariés de l’automobile
La priorité du gouvernement aurait dû être l’avenir des salariés de l’automobile. Pour cela, il aurait fallu présenter non pas un plan automobile, mais un plan transports, qui soutient et encourage le développement des mobilités alternatives comme les transports collectifs, le matériel ferroviaire, la filière vélo, et y adosser un plan d’investissement pour l’avenir des salariés. Les personnels du secteur automobile méritent un plan de sécurisation des emplois qui leur offre des parcours dans l’ensemble de la filière transports, et tous les moyens de formation et développement des compétences associés.
Karima Delli, Présidente de la Commission Transports au Parlement européen, Députée européenne Europe Écologie Les Verts
Alain Coulombel et Éva Sas, porte-paroles