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Réconcilier les femmes et le changement climatique

Allier changement climatique et droits des femmes ; c’est un sujet insolite, et pourtant le sujet découle d’un raisonnement précis et concret. Il est à l’ordre du jour du Parlement européen : l’eurodéputée EELV Nicole Kiil-Nielsen présente son rapport.

Le 20 avril, le Parlement européen se penchera sur le rapport de l’eurodéputée EELV Nicole Kiil-Nielsen, sur les femmes et le changement 
climatique.Comme l’explique la députée,« A chaque crise, à chaque révolution, nous entendons qu’il faut d’abord résoudre le problème, et que les droits des femmes viendront… après. Ce raisonnement est daté et inopérant. Au contraire, les changements climatiques et la justice et l’égalité pour les femmes sont intrinsèquement liés. On ne peut pas proposer de solutions efficaces et innovantes si on n’élargit pas notre champ de vision. D’après une étude réalisée par la London School of Economics et l’Institut Max Planck, les femmes auraient jusqu’à 14 fois plus de risque de mourir durant une catastrophe naturelle ou dans les suites de la catastrophe. »L’une des premières études qui a permis d’établir l’inégalité homme femme face au changement climatique a été réalisée suite au tsunami de 2004 en Asie, par l’association Oxfam. Pour la première fois, on découvre qu’une catastrophe naturelle fait beaucoup plus de victimes chez les femmes que chez les hommes. Les femmes représenteraient jusqu’à 90% des personnes décédées dans les suites
 des catastrophes climatiques. Ainsi au Bangladesh, en avril 1991, un cyclone avait ravagé le pays, laissant près de 150 000 morts. Les victimes étaient à plus de 90% des femmes. Les cyclones sont-ils machos ? Oui, mais la société l’est encore davantage. Et ça ne s’arrête pas aux portes de l’Europe : lors de la canicule en 2003, 70% des victimes étaient des femmes.

Les raisons de cette différence se résument à un problème d’égalité : souvent les femmes sont dans une situation économique plus précaire, elles n’ont donc pas les moyens ou le droit (interdiction de quitter la maison seule) de fuir ou de s’adapter. La différence se joue aussi sur l’accès à l’information : pour se préparer à réagir à une catastrophe, il faut savoir ce qui peut se passer et comment y réagir. A l’inverse, lorsque les femmes sont mises en responsabilité, on obtient des résultats satisfaisants sur les deux fronts : la ville de La Masica au Honduras, grâce à un système d’alerte et de gestion des catastrophes qui incluait les questions de genre, a été la seule à n’enregistrer aucun décès pendant et après l’ouragan Mitch en 1998.

Selon l’eurodéputée, pour lutter
 contre le changement climatique, il faut impliquer davantage les femmes et défendre davantage leurs droits. Pour illustrer ses propos, Nicole Kiil-Nielsen relate un exemple en Tanzanie : « Dans le district du Kilombero, une ONG a lancé un programme pour creuser un puits pour un village. Au bout de deux ans à peine, le puits s’est asséché. On a compris que la consultation de la population pour trouver le bon emplacement n’avait eu lieu qu’avec les hommes du village. Or, comme ce sont les femmes qui collectent l’eau, elles seules savaient où il fallait creuser. Après avoir compris l’erreur, le puits a été creusé à l’endroit indiqué par les femmes et ne s’est jamais réasséché. »

Lorsque l’on apprend, par exemple, que les femmes sont responsables de 80% de l’agriculture en Afrique et qu’elles doivent collecter l’eau et les combustibles pour préparer la nourriture, le rapport avec le changement climatique est plus intelligible. Les impacts du changement climatique sont déjà très concrets pour de nombreuses femmes, qui doivent adapter la recherche de ressources et les cultures aux contraintes climatiques. Ecouter l’expérience de ces femmes, qui sont souvent coupées du monde politique où les décisions sont prises, permet de mettre en place des projets climatiques qui respectent l’environnement et l’humain.

La députée poursuit ; « Je pense que la lutte contre le changement climatique est notre priorité 
absolue. Dans un contexte de crise économique, on voit que l’écologie comme les droits des femmes sont mis à mal, or d’après moi c’est en liant les 
deux que nous proposons une vision politique cohérente et des solutions
 efficaces. Nous proposons des choses concrètes comme l’obligation d’avoir 40% de
 femmes dans les délégations européennes et les instances de financement des
 politiques climatiques, des politiques d’enseignement qui encouragent 
l’accès des femmes aux postes techniques et scientifiques. La lutte contre le changement climatique peut nous permettre dans le même
 temps de lutter contre les discriminations et de générer des solutions plus
 efficaces. C’est un raisonnement gagnant gagnant. »

Pour mieux adapter les politiques de demain, Nicole Kiil-Nielsens propose une solution concrète ; « Nous souhaitons en outre appréhender davantage la question du genre en demandant une collecte des données par sexe, lors des phases d’évaluation ou de lancement des projets en matière de changement climatique. Cela permettra de mieux adapter les politiques qui seront décidées. »

La rapporteure conclue ; « A l’approche de Rio +20, c’est aussi envoyer un signal positif de plus . »


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