Le très attendu rapport du groupe international d’experts sur le climat est paru ce 8 octobre. Quatre ans après celui qui servit de base aux négociations de la COP21 et donna naissance à l’Accord de Paris, ce nouveau rapport sur l’objectif des 1°5C de réchauffement global moyen sonne l’alarme avec encore plus d’urgence que le précédent. Si certains pays ont tenté d’en interdire ou d’en censurer la sortie, les conclusions sont pour le moins sans appel : il y a urgence à agir.
Le réchauffement climatique, contrairement à ce que nombre de gouvernements et de lobbies cherchent à faire croire, n’a rien d’une fatalité. Il est le produit de l’action humaine, le fruit de décisions de responsables qui ont préféré la politique de l’autruche à l’action afin de mieux laisser le marché décider au détriment du vivant et de la santé. Faire face à ce dérèglement implique des décisions globales et systémiques : la faute comme la solution sont politiques.
L’Accord de Paris soulignait déjà la nécessité d’agir de front, à travers le monde, dans un sursaut commun pour la survie de l’humanité. Trois ans après, la courbe n’est pas infléchie. La France en premier lieu, dont le gouvernement est habile à donner de grandes leçons à l’international sur la nécessité de lutter pour le climat, est revenue en catimini sur ses engagements, du nucléaire aux émissions de carbone, et a fait de l’inaction la base de sa politique environnementale. En réponse, la société civile s’organise et saisit la justice pour faire valoir, qui son droit à respirer un air sain, qui son droit à une terre fertile.
Ce qui se joue en cas de dépassement de l’objectif des 1,5°C de réchauffement global, c’est le bouleversement des conditions de vie partout sur le globe : au-delà d’un certain seuil, les écosystèmes seront déséquilibrés et le monde basculerait dans l’inconnu. Le phénomène le plus attendu est la hausse du niveau des mers, mais si le point de rupture est atteint, ce sont de nombreux phénomènes météorologiques et saisonniers qui pourraient changer complètement.
Le fait que les 10% les plus riches de la population mondiale soient responsables de quasiment la moitié des pollutions alors que les 50% les plus pauvres ne sont responsables que de 10% des pollutions témoigne d’un conflit d’intérêt patent sur les politiques à mettre en oeuvre. De fait, ces 10% qui dominent l’économie répètent à l’envi et à grand renfort de moyens que l’écologie serait une politique punitive. Les écologistes répondent que la seule punition réelle et palpable est celle qui, par notre inaction, condamne des millions de personnes aujourd’hui et des milliards demain. Augmentation de la faim dans le monde, manque d’accès à l’eau de par sa raréfaction, morts dues à la pollution, pauvreté, perte de la biodiversité, … autant de fléaux bien réels qui ne feront que s’aggraver et toucher de plus en plus de personnes si nous n’agissons pas.
Europe Écologie – Les Verts rappelle que les campagnes de culpabilisation à l’encontre de la population sont un moyen de faire oublier que la responsabilité comme la solution sont politiques. Les multinationales qui, par leur action prédatrice, accaparent les terres et polluent eau, terre et air et les responsables politiques qui les laissent agir ont une immense responsabilité dans le gâchis actuel et la catastrophe potentielle. Alors que la France octroie des exonérations d’impôts parfois totales à ces entreprises et à leurs actionnaires, Europe Écologie – Les Verts rappelle que c’est leur action qui a l’impact le plus lourd sur le climat et que ce n’est pas à la population, par l’impôt et au prix de sa santé, de payer pour leurs crimes à l’encontre de l’environnement.
La France et l’Europe ont les moyens d’agir et des leviers activables rapidement pour enclencher l’urgente et nécessaire transition requise pour rester sous la barre des 1,5°C degrés de réchauffement. La préservation des zones humides (lacs, rivières, mangroves, etc.), des forêts et des espaces naturels dans leur ensemble est une priorité tant leur capacité à capter naturellement le dioxyde de carbone est forte. C’est l’action humaine qui les fait disparaître, c’est aux politique de les protéger, pas de céder aux sirènes américaines qui voudraient accaparer des terres utiles pour instaurer des captations chimiques de CO2. Ré-ensauvager l’Europe, taxer les pollueurs de façon drastique afin de changer les modes de production, rediriger cet argent vers celles et ceux qui en ont le plus besoin, aider l’agriculture industrielle à faire la transition vers une agriculture biologique et durable, mettre en place le principe pollueur-payeur, en finir avec les projets destructeurs d’espaces naturels et agricoles comme le contournement ouest de Strasbourg et tant d’autres… autant de solutions à portée de main qui ne demandent qu’un peu de courage politique pour être mises en œuvre, créer de l’emploi stable et local et préserver la planète du réchauffement global.
Julien Bayou et Sandra Regol, porte-parole nationaux