Après les annonces du GIEC et les alertes de la communauté scientifique, la prise de conscience de l’urgence climatique s’est imposée en France, dans toute les couches de la population, devenant la deuxième préoccupation des Français·e·s.
Dans un contexte d’inégalités sociales grandissantes, la question de l’énergie est centrale. La précarité énergétique touche près de 4 millions de ménages, en zones rurales comme en zones urbaines, grevant chaque année un peu plus le budget des Français·e·s. Dans cette équation, les plus précaires subissent la double peine : ils paient trop cher et sont les plus exposés aux pollutions générées.
En France les ressources ne manquent pas pour une énergie décarbonée, bon marché et indépendante : éolien, photovoltaïque, énergie hydraulique, géothermie, etc. Pourtant, le choix renouvelé de la France repose sur un mix énergétique qui s’appuie en premier lieu sur le nucléaire. Cette énergie chère, qui nous rend dépendants des pays producteurs, dont on ne sait que faire des déchets, et qui constitue une épée de Damoclès permanente tant elle est dangereuse.
Aujourd’hui, les renouvelables font la preuve de leur avantage compétitif, tant économique qu’écologique. Elles sont six fois plus créatrices d’emplois que le nucléaire, des emplois en outre mieux répartis sur le territoire.
La PPE devait être l’occasion de respecter enfin les engagements de la France, ceux de la loi de transition énergétique de 2015, qui engageait la sortie du nucléaire et donnait le pouvoir au Parlement après des années de confiscation technocratique des choix énergétiques. Elle devait être également une étape indispensable vers les engagements de l’Accord de Paris et la réduction des émissions de gaz à effet de serre.
Malheureusement, malgré un discours soigné, malgré la reprise d’éléments de langages environnementalistes et des tentatives de laisser entendre que la « grogne sociale » serait comprise, il n’en est rien. Derrière la façade de ces belles lettres, le flou des propositions mises en avant sonne comme une régression à la fois sociale et environnementale.
La loi sur les mobilités venait déjà donner le ton en laissant le verrou de Bercy décider. Pour rénover nos petites lignes ferroviaires, pour améliorer nos transports collectifs, pour favoriser le vélo, nous avons besoin de moyens financiers. L’un des moyens était la mise en place d’une redevance poids-lourds sur laquelle le gouvernement a choisi de reculer. De même, le choix de favoriser des projets rétrogrades comme le « Lyon-Turin », montre que l’orientation du gouvernement va coûter cher à l’Etat et à la planète.
Pour que la transition ne laisse personne sur le bord du chemin, il est nécessaire d’allier au plan de transition vers les renouvelables un plan de réduction de la consommation d’énergie, particulièrement via l’isolation des bâtiments. Or si la questions des passoires thermiques est évoquée, aucune mesure concrète ne vient répondre à la difficulté réelle des personnes concernées.
Pour que la transition soit possible et acceptable, la charge de son financement devrait être partagée et les grandes entreprises, particulièrement les plus polluantes, mises à contribution. Or le financement, tel qu’exposé par le président, continue à peser intégralement sur l’impôt des particuliers, et pas des plus favorisés.
Pour que la transition soit réelle, permettre l’essor des renouvelables et prendre le tournant de l’efficacité et de la sobriété énergétique, il est urgent de sortir du gouffre du nucléaire. Or, si le président rappelle que la France doit avancer vers une indépendance énergétique, il omet volontairement le nucléaire dont les matières premières rendent pourtant la France dépendante de la situation politique de pays tiers. Pire, il laisse à EDF le choix du calendrier, propose le scénario quasi minimal de fermeture de réacteurs et refuse au passage la fermeture définitive des centrales concernées.
Cette PPE devait permettre de garantir aux Français-es un avenir énergétique durable : encore une fois, le gouvernement a renoncé.
Julien Bayou et Sandra Regol, porte-parole