Par Claude Comet
Exploitée, bétonnée, asséchée ici ; abandonnée ailleurs, la montagne est en danger. Il est temps de proposer pour l’ensemble des massifs des modèles de développement plus soutenables, basés sur les bienfaits que la montagne apporte déjà aux villes et aux piémonts…
Comme pour la mer, l’évocation de la montagne fait naître des images fortes : celle d’alpinistes, de neiges éternelles, d’alpages fleuris, de lacs d’altitude… Les montagnes sont des châteaux d’eau, des réserves de biodiversité. Mais elles ont, au cours du siècle passé, subi de multiples transformations.
Vers 1960, le ski fut d’abord une aventure – ouverture des pentes au plus grand nombre… Au fil du temps, le succès de “l’or blanc” a modifié la donne, ouvert le temps de la seule course à l’argent et du suréquipement.
La loi Montagne, en 1985, avait tenté de proposer un avenir plus durable. Détricotée, elle n’a pas su protéger ces territoires contre les dérives du libéralisme. D’un côté une montagne toujours plus bétonnée, douce pour les riches clients, dure pour les salariés et pour l’environnement… Tandis que d’autres territoires, moins bien dotés, demeurent à l’écart par l’éloignement, la pente, le climat.
Vigie du changement climatique
Aujourd’hui, sur les sommets, le réchauffement se voit à l’œil nu et les chiffres parlent : +2 degrés en Savoie ces 50 dernières années. Déjà les glaciers reculent, la neige se fait moins épaisse, l’eau vient à manquer, parfois. Fragile, la montagne est un territoire en danger climatique.
Qu’à cela ne tienne, estiment les lobbies du tourisme de masse, avec l’appui d’élus locaux pris au piège d’un modèle de développement unique. La nature ne donne plus assez de neige ? Les vendeurs de canons (à neige) font fortune. Côté béton, les promoteurs accumulent les projets de centres « aqualudiques » et de résidences de luxe.
D’autres richesses en montagne
Longtemps considérée comme une montagne « réservoir » – à exploiter -, la montagne doit devenir une montagne dispensatrice de bienfaits et exemplaire, au cœur de l’Europe. Des travaux sont en cours pour donner une réelle valeur aux “aménités” de ces territoires : eau pure, biodiversité, paysages, qualité de vie, etc.
Aider la montagne, c’est faire valoir ces richesses et plutôt qu’une exploitation aveugle des ressources. Les territoires de montagne ont besoin des protections qui leur font défaut. Pour cela, la loi de 1985 a besoin d’être refondée. Et ce chantier ne doit pas être laissé aux aménageurs. Il est important de porter désormais une parole et des propositions écologistes sur l’avenir de la montagne !
Claude Comet est conseillère déléguée à la Montagne et au Tourisme en Région Rhône-Alpes
Suivre son blog sur Rue 89 “L’ingénue des alpages” : http://blogs.rue89.com/ingenue-alpages
La montagne est à la fois une sentinelle (une vigie ) et une victime du changement climatique, indicatrice de la réalité et des effets concrets de ces bouleversements en cours qui, ici, se manifestent trois fois plus vite qu’ailleurs en raison des inversions de températures.
– Dans le département de la Savoie, la température s’est élevée de 2°C en moyenne au cours des 50 dernières années,
– Le lac du Bourget (le Lac de Lamartine) a perdu un quart de ses ressources en eau en dix ans.
4 réflexions au sujet de “Porter une vision écologiste pour la montagne”
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CLAUDE COMET a parfaitement raison. Pourtant, la montagne est plus diverse que ne le laisse penser son réquisitoire visant à revendiquer le renouvellement de la Loi Montagne.
Dans les piémonts, les Préalpes, l’activité économique est plutôt liée à l’agriculture, l’élevage, la viticulture et le développement du travail à distance.
L’éloignement, la mobilité, les services de santé sont de réels problèmes pour les populations (dont moi) qui y vivent. L’égalité des territoires ne doit pas être un concept seulement urbain.
La montagne et plus généralement l’espace rural ne sont pas des terrains de jeux pour les citadins qui étouffent dans les villes, ils sont avant tout les lieux de vie pour les populations qui, toute l’année modèlent les paysages.
Joël Mazalaigue
J’aurais aimé que vous ayez eu le même enthousiasme pour la défense de la montagne quand je vous ai écrit au sujet d’un projet de piste dite pastorale dans le massif de La Lauzière.J’ai demandé à vous rencontrer pour vous remettre des éléments permettant d’avoir quelques doutes sur le bien fondé d’un tel projet,mais je n’ai pas eu de réponse.
La dégradation de la partie vierge de piste du Grand Arc est en cours aggravée du fait de l’incompétence du maître d’ouvrage: la municipalité de Montsapey ainsi que celle de maître d’oeuvre: l’entreprise de travaux publics et c’est ce qui apparait dans le rapport de visite de chantier supervisé par monsieur Gallioz du SPM,chargé de l’agriculture.Si vous n’avez pas voulu vous impliquer dans cette première phase, peut être que pour la phase exploitation vous pourrez vous assurer du respect des recommandations du CPN de Savoie et que cette piste ne sera pas un accès facile pour chasseurs fatigués aux chamois et autre tétras lyre et pas non plus uniquement un robinet à argent public:contrôle de l’utilisation de la subvention et la réalisation du défrichage et la justification de la prime à l’herbe par réalité du pâturage.
Bien à vous
Jacky Sénal adhérent Villeurbanne et résident secondaire à Montsapey
Je me permets de vous alerter sur les relances de l’A51 Gap/Grenoble effectuées par un député PS de Grenoble et qui aboutiraient à un véritable désastre écologique.BBien cordialement.
Est ce qu’il ne faut pas citer aussi le grignotage des parcs nationaux : ex celui de la Vanoise menacé par l’extension des stations, la création de liaisons entre elles ?