En rejetant dans la nuit du 17 au 18 avril, l’amendement de Matthieu Orphelin appelant à une conditionnalité écologique des aides accordées par l’État aux entreprises, le gouvernement et la majorité démontrent leur incapacité à prendre conscience de la nécessité de changer de modèle.
La crise sanitaire que nous vivons est liée à notre modèle de développement – empiètement sur l’habitat naturel des animaux sauvages, accélération des échanges, réduction des moyens des services publics, organisation à flux tendus, absence d’actions et de moyens de prévention, ignorance du principe de précaution.
Pour autant, le gouvernement n’a tiré aucune leçon de cette crise et n’entend en aucun cas prévenir celle qui lui succèdera : la crise climatique. Cette crise est pourtant plus que prévisible et le gouvernement, alerté par les rapports successifs du GIEC, ne pourra pas dire qu’il ne savait pas.
Notre économie est mise à mal et le soutien de l’État est nécessaire. Mais cette reconstruction est justement l’occasion de rebâtir sur des fondations solides. Ce que nous devons reconstruire, c’est une économie robuste, résiliente, qui résistera aux chocs environnementaux. Au lieu de cela, le gouvernement fait une fois de plus preuve de la plus grande hypocrisie. Alors qu’Élisabeth Borne déclarait : “Les aides qui accompagneront certains secteurs ou certaines entreprises (…) devront s’accompagner d’engagements en matière environnementale “, le gouvernement rejette quelques jours plus tard l’amendement de Matthieu Orphelin et fait adopter en remplacement un amendement de façade et sans contenu réel, visant “ à ce que ces entreprises intègrent pleinement et de manière exemplaire les objectifs de responsabilité sociale, sociétale et environnementale dans leur stratégie ”. Ce double jeu a assez duré.
L’amendement proposait de conditionner les aides aux entreprises “à la mise en place d’une stratégie interne de réduction de leur empreinte écologique” et à l’adoption “d’une trajectoire de [leur] empreinte carbone en conformité avec les objectifs de l’Accord de Paris”. C’est en effet nécessaire. Cette conditionnalité doit également être démocratique et sociale : renforcement des représentants des salarié.es dans les conseils d’administration, et accords de GPEC écologique et sociale, anticipant l’impact des crises environnementales sur les emplois et compétences.