Le Conseil d’orientation des infrastructures, présidé par Philippe Duron, a remis ce 31 janvier 2018 à la ministre des Transports Elisabeth Borne son rapport conclusif pour une priorisation des infrastructures de transports. Ce rapport était attendu pour orienter l’action de l’État sur les projets d’infrastructures de transports dans les vingt ans à venir. Trois scénarios ont été étudiés : boucher les trous ; mieux répondre aux besoins du quotidien ; ou relancer de grands projets routiers et ferroviaires.
Il s’agit d’un enjeu essentiel de la transition énergétique : le secteur des transports représente 30% des émissions de gaz à effet de la France. Les transports orientent l’aménagement du territoire et influent beaucoup sur le mode de vie de la population. Les déplacements de chacun ont des conséquences sur la santé et le bien-être, ainsi que sur l’environnement. Enfin, la pollution de l’air est responsable d’environ 40 000 morts prématurées par an en France.
Et bien évidemment, les transports et la mobilité jouent un rôle important dans notre bien-être, l’accès au travail, aux formations ou aux loisirs. Depuis des décennies, les différents gouvernements ont privilégié des transports chers et de longue distance qui ne profitent qu’à une fraction de la population, au détriment de l’offre de transports du quotidien.
Réorienter les investissements en matière de transports est donc à la fois une nécessité climatique, une urgence sanitaire et une question d’égalité d’accès à des transports de bonne qualité.
Le choix des écologistes est clair : même insuffisant, le deuxième scénario préserve l’avenir, et n’engage pas la France dans de grands projets inutiles, consommateurs de terres agricoles et futurs émetteurs de polluants et de gaz à effet de serre.
Les écologistes saluent les affichages clairs sur le soutien des mobilités du quotidien : soutien aux mobilités actives (marche et vélo) dans des montants très largement augmentés, aux transports urbains, aux projets de RER et au fret ferroviaire et fluvial.
Des propositions sont faites pour faire payer la facture aux vrais pollueurs et « useurs » de nos routes. Une nouvelle fois est actée l’urgence de l’entretien des infrastructures existantes plutôt que la création de projets dispendieux et inutiles. Des pistes sont également avancées pour préserver le patrimoine des voies ferrées dites secondaires, d’autres pour renouveler les trains d’équilibre du territoire (trains intercités).
Enfin, 350 millions d’euros sont promis pour achever le réseau des véloroutes et voies vertes tant utiles pour développer le tourisme durable et structurer les déplacements cyclables d’agglomération.
Parmi les projets étudiés au cas par cas, les écologistes rappellent leur opposition aux projets autoroutiers : contournements de Rouen et Strasbourg (GCO), autoroutes A31, A45 et Toulouse-Castres, qui ne permettront ni de réduire la congestion automobile dans les villes, ni la pollution de l’air. Alors que le gouvernement a annoncé le 23 janvier son intention de délivrer l’autorisation unique environnementale au CGO, Europe Écologie – Les Verts soutient l’appel des collectifs contre ce projet pour rappeler à l’État ses obligations et engagements pour la préservation de la planète.
Comme à Notre-Dame-des-Landes, les écologistes appellent à l’étude systématique des alternatives, moins coûteuses et moins polluantes. Ainsi, plutôt que le serpent de mer du CDG Express (train direct Roissy – Gare de l’Est) à 2 milliards d’euros qui risque de fragiliser le RER B, les écologistes souhaitent voir étudiée l’option de faire rouler des rames de TGV comme ce fut le cas momentanément en décembre 2016.
Ce rapport peut enclencher une politique vertueuse et permettre de faire des choix écologiquement nécessaire, socialement responsables et souhaitables pour toute la population.
Europe Écologie – Les Verts appelle maintenant le gouvernement à porter une vraie vision des déplacements dans notre pays, et à mettre en cohérence ses choix budgétaires avec cette vision.
Julien Bayou et Sandra Regol, porte-parole nationaux