Contraints par la durée et l’ampleur de la mobilisation sociale des « gilets jaunes », le président de la République et le gouvernement ont décidé l’organisation d’un grand débat national, dont les contours sont précisés par le Président dans une « lettre aux Français·e·s ». Le contenu de ce courrier est insatisfaisant, et n’est pas à la hauteur d’un débat qui ne peut pas être le cache-misère de la politique de l’exécutif.
Face aux crises politique, démocratique, institutionnelle, sociale et environnementale, mettre en débat les grandes orientations du pays est une priorité. Mais pour que ce grand débat soit un vrai moment démocratique il devrait remplir deux conditions.
D’une part, assumer un véritable enjeu en termes de traduction politique et d’influence sur la ligne gouvernementale. Or le président rappelle que les réformes décidées au cours de son mandat ne seront pas remises en cause. C’est d’avance vider le débat de sa substance. D’autre part, il faudrait que soit assurée la crédibilité du débat par sa transparence et son impartialité. Or, avec la mise à l’écart de la Commission nationale du débat public, et la volonté du gouvernement de prendre le débat en main, le compte n’y est pas.
Enfin, pour que ce grand débat permette à chacun·e de trouver sa place, l’apaisement doit présider. Le gouvernement doit donner des gages de confiance en « débrutalisant » la situation. Pour donner l’exemple, l’État doit faire le premier pas en renonçant à l’usage des armes dites « intermédiaires » (flashball et grenades de désencerclement). Les limitations récentes au droit de manifester doivent être abrogées. L’État doit être à l’initiative de la désescalade de la violence.
Les écologistes considèrent que les débats sont essentiels à la vie démocratique. Mais la lettre du président montre à quel point il souhaite le brimer pour le faire entrer dans un cadre contraint.
Europe Écologie – Les Verts considère que rien n’oblige la population française à se limiter à ce cadre imposé par le président. C’est la raison pour laquelle les écologistes entreront pleinement dans ce débat, sans les limitations que tente d’y imposer le président.
Europe Écologie – Les Verts assumera pleinement ce débat, sans limites, et y portera des propositions de changement profond du système que requiert la crise actuelle. Nous assumerons le défi lancé par la population française pour proposer des solutions à la vie chère, penser la justice sociale, établir un plan de transition écologique ambitieux et juste.
Enfin, au vu de la crise démocratique et de la défiance envers les institutions, ce débat doit pouvoir déboucher sur un processus constituant amenant à une transformation profonde et ambitieuse de nos institutions.
Julien Bayou et Sandra Regol, porte-parole nationaux