– Concernant les ondes, doit-on parler de présomption ou de dangers avérés ?
On doit parler de dangers avérés puisque des études récentes mettent en évidence le lien entre l’utilisation intensive du téléphone portable et tumeurs au cerveau, dommages à l’ADN et aux gènes, effets sur la mémoire, l’apprentissage, le comportement, l’attention, perturbations du sommeil, cancer et maladies neurologiques telles que la maladie d’Alzheimer.
On le sait, le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) a classé les ondes électromagnétiques des téléphones portables comme étant « possiblement cancérogènes pour l’homme » en mai 2011. C’est en s’appuyant sur les études du groupe suédois Hardell et sur l’étude internationale Interphone que cette décision a été prise (1).
Le nouveau rapport du groupe de travail BioInitiative 2012 (www.bioinitiative.org), qui examine plus de 1 800 nouvelles études scientifiques, est formel : « Il existe une tendance constante d’augmentation du risque de gliome (une tumeur maligne du cerveau) et de névrome acoustique avec l’utilisation de téléphones portables et sans fil ». Ce sont les déclarations de Lennart Hardell, Docteur suèdois en médecine de l’Université d’Orebro. «
Une douzaine de nouvelles études, toujours citées par Bioinitiative, indiquent que le rayonnement des téléphones portables nuit à l’ADN du sperme, et à la fertilité masculine.
Autre publication récente : Le second volume des «Signaux précoces et leçons tardives» (Late Lessons from Early Warnings) (2) de l’Agence européenne de l’Environnement, qui fait également le lien entre cancers et utilisation du téléphone portable, en fonction de l’intensité de l’utilisation et du nombre d’années.
Illustration malheureuse de cette réalité, le cas d’Innocente Marcolini, un cadre italien que j’ai invité à Bruxelles le 5 décembre dernier pour témoigner au Parlement européen (vidéo BFM: https://www.youtube.com/watch?
(1) Khurana VG, Hardell L, et al. Epidemiological Evidence for a Health Risk from Mobile Phone Base Stations. International Journal of Occupational Environmental Health, juillet 2010 ; autres études : Kundi M, et al. Mobile phone base stations – Effects on wellbeing and health. Pathophysiology, mars 2009 ; Hutter HP, et al. Subjective symptoms, sleeping problems, and cognitive performance in subjects living near mobile phone base stations. Occupational Environmental Medecine, mai 2006
(2) http://www.eea.europa.eu/fr/
–Comment expliquer l’inactions des pouvoirs publics ?
Les pouvoirs publics protègent systématiquement les intérêts d’une industrie des services télécoms toute puissante, dont le chantage reste toujours aussi efficace. Surtout, on évite de mettre en cause une technologie invasive, qu’on la subisse (antennes-relais) ou qu’on en soit les acteurs (téléphones, ordinateurs et tablettes). Le lobby des opérateurs de téléphonie mobile est puissant, et s’infliltre partout, jusque dans les instances judiciaires. Les conflits d’intérêts sont nombreux, le tout au détriment de la santé du citoyen.
La question reste taboue, et trop d’intérêts financiers sont en jeu.
La proposition de loi (PPL) de Laurence Abeille sur l’application du principe de précaution aux ondes électromagnétiques vient d’être lâchement abandonnée. On reproche aux partisans de cette PPL d’être alarmistes, pourtant nous ne faisons qu’essayer de garantir le respect de l’intérêt public.Les propositions faites par les écologistes n’étaient pourtant pas si contraignantes. La proposition pragmatique qui consiste à rendre l’oreillette obligatoire avait été supprimée, tout comme l’interdiction d’utilisation pour les enfants afin d’assurer leur protection sanitaire. L’idée de proscrire le WiFi des crèches et de le limiter dans les établissements scolaires a aussi été supprimée, pour ne pas nuire à « l’école numérique ».
– Beaucoup dénoncent les dangers des ondes… mais disposent du wifi à leur domicile ou d’un téléphone portable dans leur poche. Quelles solutions proposent les écologistes ?
Nous proposons des mesures de précaution de bon sens :
Si vous utilisez un portable, en choisir un avec l’indice DAS aussi bas que possible – voir liste sur www.bfs.de (DAS = Débit d’Absorption Spécifique)
2) La distance est votre amie:
· Préférer les SMS, et tenir le portable aussi loin que possible de votre corps
· Pour téléphoner, utiliser le kit-mains-libres (avec fil!) ou activer le microphone, ne pas téléphoner avec le portable à la tête!
· Pendant la composition du numéro, le portable émet plus de radiations, donc en attendant que votre interlocuteur réponde, tenir le portable loin de votre corps!
· Ne pas porter le portable sur votre corps (poche du pantalon, de la chemise – femmes enceintes!) parce que le portable émet également plus de radiations pendant l’arrivée d’un appel
3) Enfants et adolescents: se limiter aux SMS et ne téléphoner qu’en cas exceptionnels.
4) Limiter la durée des appels, choisir la ligne fixe pour les appels longue durée pour réduire votre exposition.
5) Ne pas téléphoner en cas de mauvaise réception! Peu de traits de capture de réseau = mauvaise réception = exposition-CEM élevée.
6) Quand vous vous déplacez (par ex. en voiture, bus, train) votre portable doit continuellement verifier/rechercher la connection = vôtre exposition-CEM augmente, la vôtre, mais aussi celle des personnes près de vous!
7) Quand vous conduisez, ni SMS ni conversation au téléphone!Vous vous metteriez en danger ainsi que les autres, car même si vous utilisez un kit-mains-libres, le risque d’accident augmente considérablement!
8) Pour vôtre connection internet, utiliser une connection-fil au lieu de WLAN/Wi-Fi!
9) Durant la nuit, couper vos connections-wireless et DECT pour vous assurer un sommeil sans radiations, à vous-même et à vos voisins!
10) En cas d’utilisation professionnelle du portable, sans-fil-DECT ou wireless-internet, les employeurs doivent informer leurs collaborateurs des précautions à prendre.
Il est indispensable qu’une information claire, impartiale et contradictoire sur l’état actuel des connaissances soit donnée au citoyen. Nous devons améliorer le quotidien des riverains d’antennes, ainsi que le sort des électrohypersensibles encore trop souvent ignorés.
2 réflexions au sujet de “Ondes électromagnétiques : trois questions à Michèle Rivasi”
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a quand des mesures de champ « en réel » dans un wagon du métro quand 150 portables sont allumés à l’intérieur d’un espace clos mal couvert par les réseaux = tous les portables émettent à pleine puissance pour rester reliés au réseau
je serais curieux de voir le dépassement des seuils légaux d’exposition (pulvérisation des seuils on devrait dire)
Bonjour,
je suis délégué du pesonnel dans ma société qui s’obstinne à vouloir déployer le WiFi alors que des solutions filaires peuvent exister
Par prinicpe de précaution je crains cette volonté mais sans avoir d’éléments concrtes ou de contacts référents qui pourraient étayer mes alertes.
Pouvez vous m’aider en me communiquant des liens des études et des associations compétentes dans le domaine.
Merci d’avance