Il y a plus d’un an, l’État transférait en quelques jours plus de 7000 migrants de la « jungle » de Calais vers des centres d’accueil répartis sur le territoire. Pour autant, des centaines de migrant-e-s continuent d’affluer, leur situation sur place s’étant encore dégradée.
Alors que les personnes migrantes ne représentent aucune menace particulière, les forces de l’ordre font usage de gaz – sur les personnes, leur nourriture, leur eau – ou confisquent leurs sacs de couchage, couvertures, vêtements, au mépris de leurs droits humains. Avec l’approche de l’hiver, cet acharnement menace directement la santé et la vie de ces personnes déjà en danger.
À cela s’ajoute la précarité sanitaire que subissent les migrant-e-s du fait des résistances de l’État à installer points d’eau et douches, au prétexte de la crainte de prétendus « points de fixation ». Cette politique induit une pression inimaginable sur les migrants, contraint à vivre comme des « bêtes traquées »..
Alors que le 24 octobre, Gérard Collomb, ministre de l’Intérieur a timidement confirmé qu’il pouvait y avoir « quelques dérapages individuels » chez les forces de l’ordre, l’ONU, le Défenseur des droits ainsi que la Commission nationale consultative des droits de l’homme ont dénoncé les réticences de l’État à appliquer la loi à Calais, à Paris, ou encore dans la vallée de la Roya. La police des polices elle-même s’inquiète de violences injustifiées.
En effet, cette situation pathétique et indigne de la France n’est pas circonscrite à Calais, comme l’a prouvé le déplacement d’Esther Benbassa, sénatrice EELV de Paris, dans les Alpes-Maritimes le 21 octobre, visant à appréhender le déroulement de l’interpellation des migrant-e-s qui franchissent la frontière franco-italienne.
Europe Écologie Les Verts demande aux autorités municipales et départementales, ainsi qu’au ministère de l’Intérieur, d’interdire immédiatement et sans équivoque aux policiers, notamment aux CRS, d’avoir recours à un quelconque usage de la force dans des circonstances où l’usage de la force est disproportionné ou sans objectif légitime. Comme le recommande l’Agence des droits fondamentaux de l’Union européenne, les policiers devraient fournir une trace écrite, sous la forme d’un récépissé, pour chaque contrôle d’identité, afin de les inciter à effectuer des contrôles bien fondés.
Les écologistes exhortent également les autorités municipales de Calais à se conformer à l’ordonnance du tribunal émise en juin – confirmée par le Conseil d’état, leur demandant d’installer des points de distribution d’eau, des toilettes et des douches pour les migrants.
En conformité avec les lois nationales et européennes, les autorités locales et nationales doivent garantir que les enfants migrants non accompagnés soient rapidement identifiés. Comme a pu le constater Esther Benabassa, il arrive que des mineur-e-s soient traité-e-s en infraction à la loi.
Enfin, les hommes et femmes coupables de sois-disant « délits de solidarité », pour avoir fait leur devoir de citoyens solidaires et aidé des réfugiés, ne doivent plus être inquiétés, poursuivis ou condamnés. Comme le souligne Esther Benbassa : “que font-ils d’autre que de protéger des personnes migrantes et réfugiées, confrontées à l’inaction, aux défaillances, aux atteintes à leurs droits fondamentaux commises par les autorités françaises, conséquence d’une politique de dissuasion et de répression que l’état d’urgence ne fait que faciliter?”
Julien Bayou et Sandra Regol, porte-parole nationaux