Communiqué de presse du 4 janvier 2011
Musellement de la presse en Hongrie: une présidence du Conseil de l’UE mal partie
Depuis le 1er janvier 2011, la Hongrie a pris la présidence tournante du Conseil de l’Union européenne, et ce pour les six prochains mois. Or, le Parlement hongrois a adopté il y a quelques jours, le 21 décembre 2010, à une large majorité de 256 voix (87 voix contre), une loi très controversée visant à réorganiser les médias publics et à instituer un Conseil des médias, institution aux pouvoirs totalement disproportionnés. Par exemple les publications produisant des contenus qui ne seraient pas « équilibrés politiquement » ou « entravant la dignité humaine » seront désormais passibles de très fortes amendes sans aucune précision de ces notions. Et le Conseil des médias chargé d’infliger ces amendes voit ses cinq membres issus du Fidesz, le parti du premier ministre conservateur Viktor Orban.
Depuis l’accession au pouvoir des conservateurs de Monsieur Orban en mars 2010, le pouvoir hongrois est tenté par de dangereuses dérives antidémocratiques n’ayant guère leur place en Europe.
La presse hongroise a très vite exprimé son indignation quant à cette loi, relayée par des ONG comme Reporters sans frontières pour qui « La crédibilité de la présidence hongroise se trouve clairement affaiblie ». Si l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) a clairement réagi en fustigeant une loi « qui viole les standards de liberté de presse « , la Commission européenne s’est quant à elle prudemment contentée de promettre « un suivi et d’évaluer la situation » quant à une possible violation des « principes de l’Union et de la législation européenne ». On en attend tout de même bien plus de l’exécutif européen !
Ainsi pour l’eurodéputé co-président du Groupe des Verts au Parlement européen Daniel Cohn-Bendit, cette « loi clairement répressive est en contradiction totale avec le Traité européen, la Charte des droits fondamentaux et la Convention européenne des droits de l’homme ». Ainsi il en appelle à la Commission, la pressant d’agir pour obliger la Hongrie à revoir sa copie.
Europe Ecologie-Les Verts appelle également la Commission européenne, gardienne des Traités, à prendre des mesures fermes contre cette dérive autoritaire du pouvoir hongrois et demande au Parlement européen de mettre d’urgence ce point à l’agenda de sa prochaine séance plénière de janvier, pour qu’un véritable débat ait lieu et qu’une résolution soit votée afin de condamner cette nouvelle loi et de revoir entièrement ce texte, en concertation avec les organisations professionnelles de la presse.
L’Europe des Droits de L’Homme, de la liberté d’expression et du prix Sakharov ne saurait voir un de ses 27 Etats membres, qui plus est Président pour six mois du Conseil, se comporter de la sorte. Cautionner ce type de dérive, c’est mettre à mal un des principes fondamentaux de l’Union européenne, la liberté de la presse.
Europe Ecologie Les Verts