Une délégation composée de députés Verts au Parlement Européen, Isabelle Durant, (Belgique, vice-présidente du Parlement Européen), Hélène Flautre (France, membre de la commission des affaires étrangères et de l’assemblée parlementaire euro-méditerranéenne), Yannick Jadot (France, vice-président de la Commission Commerce International), Franziska Brantner (Allemagne, coordinatrice de la Commission Affaires étrangères et membre de la sous-commission Sécurité et Défense) accompagnée de Jean-Philippe Magnen (délégué à L’International d’Europe Ecologie les Verts) et d’Azziz Al Bishari (député régional belge d’origine libyenne) s’est rendue en Libye du 21au 24 septembre afin d’évaluer la situation d’un point de vue humanitaire et politique et d’identifier les moyens d’action à l’échelle nationale et européenne visant à appuyer l’instauration d’un nouvel état démocratique, unifié et pluraliste.
Cette mission de terrain s’inscrit comme un élément indispensable de suivi de toutes les initiatives prises par les Verts au Parlement européen depuis le 17 février pour soutenir le Conseil National de Transition ainsi que les acteurs émergents de la société civile à la fois dans le cadre des réformes politiques et constitutionnelles à venir, du processus de réconciliation et de l’établissement d’une justice transparente et équitable.
Il s’agit par conséquent de la première délégation de parlementaires européens à se rendre sur place, à l’heure où les combats continuent contre les derniers bastions kadhafistes. La délégation a par conséquent tenu tout particulièrement à rencontrer des membres du bureau exécutif du Conseil National de Transition, dont M. Salah Al Bishari, vice-ministre des Affaires étrangères, et des membres des Conseils locaux du CNT à Misrata, épicentre des combats entre février et mai 2011 et à Yefren, fief des combattants de la communauté amazigh. Lors de ses déplacements, la délégation a eu l’occasion de visiter les prisons de Zaouïa et de Misrata et d’entrer en contact avec d’anciens officiers de l’armée loyaliste, y compris des mercenaires. Des rencontres pour évaluer les besoins humanitaires les plus urgents ont été organisées avec les représentants de ECHO, du HCR, de la Croix rouge et de Médecins sans frontières. La délégation s’est également rendue dans le camp de Sidi Bilal qui regroupe des centaines de migrants sub-sahariens vivant sans protection et dans des conditions extrêmement précaires. Enfin, la situation des femmes et en particulier les exactions commises à leur encontre par les forces de Kadhafi dans des villes comme Misrata et Tawargha ont été longuement abordées avec des représentantes d’organisations de femmes émergentes ainsi qu’avec les représentants nationaux et locaux du CNT et de l’Union européenne.
La délégation a pu constater la volonté populaire de liberté pour mettre fin à 41 ans de dictature, une véritable révolution où les femmes jouent un rôle important, malgré toutes les exactions, viols et crimes qu’elles ont subis.
Il est clair que l’instauration de la démocratie sur les décombres d’une dictature de 42 ans ayant détruit toute structure de contre pouvoir nécessitera du temps. Les députés Verts européens ont affirmé aux nouvelles autorités libyennes, comme aux structures agissant sur place, leur volonté de soutenir la réconciliation comme la reconstruction, en privilégiant le respect des droits de l’Homme, notamment pour les femmes et les réfugiés (majoritairement subsahariens) et la mise en application de la justice internationale en respect des résolutions de l’ONU pour protéger les populations civiles et assurer la sécurité comme le désarmement post-conflit.