Souvenons-nous de ce que nous avons combattu pendant près de 10 ans: l’absence d’ambition éducative, la destruction programmée de la formation des enseignants, les suppressions massives de postes (70 000 emplois depuis 2008 ! ), la compétition entre les élèves érigée en modèle, le dépistage précoce de la délinquance, l’abandon de dispositifs spécifiques comme les RASED…
Les premiers remèdes ont été prodigués : création en urgence de postes supplémentaires, mise en place des contrats d’avenir professeurs, nouvelle (mais modeste) attention à la formation des enseignants, concertation réunissant l’ensemble des acteurs de l’éducation lancée pendant l’été…
Enfin, le ministre a signé par décret la fin de la tant décriée semaine de 4 jours, appelant hâtivement collectivités, équipes éducatives, monde associatif et parents à se mettre autour de la table.
Aujourd’hui un texte de loi est en débat au Parlement. Celui d’une véritable refondation ?
La refondation de notre école est urgente et nécessaire, mais pour éviter de reproduire les vieilles recettes il faut lui assigner un objectif. Ecologistes, voulons préparer l’avenir de tous les enfants dans une société de paix, de culture, et d’innovations compatibles avec la planète. Dans ce monde en crise et en mutation, les enfants qui entrent à l’école aujourd’hui seront les acteurs et les citoyens du monde de demain. Il est donc de notre devoir de former un projet de qualité, d’épanouissement et d’émancipation de chacune et de chacun, un projet où les différences font richesse et non hiérarchie. Un projet reposant sur la coopération (entre les éducateurs, les enfants, les parents), plutôt que sur la compétition. Un projet où l’apprentissage de la résolution non-violente des conflits permet un meilleur vivre ensemble. Un projet qui invite les acteurs de l’éducation sans exclusive (parents, collectivités, enseignants et personnels de l’éducation nationale, associations…), à mettre en œuvre des politiques locales d’éducation, où la scolarité n’est plus un îlot isolé de la vie des enfants et des jeunes.
Il est des choses qui doivent être écrites plus clairement dans les textes : la place des parents en est une tant la distance est grande aujourd’hui entre eux et l’institution scolaire. Pour garantir la réussite de tous, nous serons également attentifs à ce qu’une place importante soit donnée à l’éducation artistique, culturelle, scientifique, environnementale, dans le cadre d’une impulsion nationale cohérente. L’approche sensible et créatrice permettant émancipation individuelle et intégration sociale étant une réponse aux aliénations sociales et culturelles vécues par les élèves et leurs familles.
La formation des enseignants est urgente à reconstruire. Il ne s’agit pas de faire porter à l’école toutes les aspirations de notre société. Il s’agit de permettre à des futurs enseignants de bénéficier d’une formation professionnelle, laquelle devrait aussi comprendre les clefs de la coopération avec les autres éducateurs.
Enfin, les écologistes insisteront sur la politique essentielle à la réussite et au bien-être des élèves, la politique de santé. Celle-ci participe aux côtés des familles, à la formation de l’élève en tant que citoyen, dans un double objectif de respect de soi et des autres. Le suivi de la santé des élèves est indispensable tant la réalisation des visites médicales en milieu scolaire varie d’un territoire à un autre.
Notre école doit avoir pour ambition de former des citoyens attentifs aux autres mais aussi au monde dans lequel ils vivent. A nous désormais de nous saisir de ce projet de loi pour le faire devenir une réforme audacieuse. Cela démontrera aussi la volonté du gouvernement d’accomplir une véritable « refondation de l’école de la République ».
Alors demain, face à de nouveaux défis, les enfants devenus adultes se diront « comment fait-on ensemble? »