Douze ans après les Pays-Bas, sept ans après l’Afrique du Sud, la France a enfin traduit dans la loi l’égalité de tou-te-s devant le mariage, en l’ouvrant aux couples de même sexe. Avec 329 pour, 229 contre et 10 abstentions. Elle sera examinée à partir du 2 avril au Sénat.
N’en déplaise aux conservateurs homophobes qui se sont donnés en spectacle assez lamentablement au cours des dernières semaines, ce moment historique n’entrainera pas de crise anthropologique dans notre pays.
Le vote de cette loi est un moment politique particulièrement émouvant pour les écologistes. Ce sont eux qui les premiers se sont mobilisés pour ce combat – nous nous souvenons du mariage célébré à Bègles il y a 9 ans -, en dépit des résistances parfois violentes et empreintes de bêtise. Notamment celles de certaines personnalités de premier plan auxquelles il aura fallu de nombreuses années pour évoluer sur la question.
Cette avancée ne doit pas nous faire oublier que le chemin de l’égalité pour les personnes LGBT n’est pas encore tout à fait terminé. Egalité devant la loi, avec par exemple la question de l’adoption pour toutes et tous ou de la procréation médicalement assistée. Mais aussi égalité dans les faits. Les récentes manifestations ont illustré combien une homophobie prégnante demeure chez certains et combien de nombreuses personnes en souffrent au quotidien. Il n’est que temps d’ouvrir ces nouveaux chantiers.
Elise LOWY, Jean-Philippe MAGNEN, porte-parole
Les 17 député-e-s écologistes choisissent l’égalité
Les 17 député-e-s écologistes ont voté le texte présenté par le gouvernement ouvrant le mariage et l’adoption aux couples de même sexe.
> le site du groupe des député-e-s écologistes
» Ce long débat a démontré que c’est ici, dans cet hémicycle, que bat le coeur de notre démocratie. Par ce vote, dont nous sommes fiers, nous faisons en sorte que la République donne corps à sa promesse : celle d’assurer l’égalité à tous ses enfants, a estimé Sergio Coronado. Ce texte changera la vie d’hommes, de femmes et d’enfants, de familles qui ne seront plus obligées de bricoler leur vie. Merci, madame Taubira, grâce à vous, nous pouvons être fiers du vote que nous exprimons. »
L’Assemblée nationale a adopté le projet de loi par 329 voix contre 229.
Une réflexion au sujet de “Mariage pour tou-te-s : un vote historique”
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Ci-dessous, un article du bog « faireface » :
Le mariage pour tous sauf pour les bénéficiaires de l’allocation adulte handicapé
Le mariage pour tous est encore loin d’être une réalité. D’abord parce que le texte, adopté en première lecture ce 12 février par l’Assemblée nationale, doit poursuivre son marathon parlementaire. Mais surtout, pour de nombreuses personnes en situation de handicap, le mariage reste une institution inaccessible. Bien sûr, comme tous les citoyens, elles ont légalement le droit de se marier, mais la réglementation les en dissuade. Comme elle les dissuade également de vivre en couple, en union libre ou sous le régime du Pacs, puisqu’elle les oblige alors à devenir financièrement dépendantes de leur partenaire. Les revenus du conjoint, du concubin ou du pacsé sont, en effet, pris en compte pour déterminer le droit à percevoir l’allocation adulte handicapé (AAH).
Pauvres tourtereaux
Une profonde injustice pour toutes celles et tous ceux que leur handicap empêche de travailler. Célibataires, ces personnes ont droit à la solidarité nationale parce que leur incapacité leur interdit de « gagner leur vie ». Mais pour peu qu’elles aient le malheur de vouloir fonder un foyer, les voilà condamnées à ne plus percevoir aucun revenu, si leur partenaire touche plus de 1 553 € nets par mois. Et si le partenaire gagne moins, la personne en situation de handicap a droit à une AAH différentielle mais, dans tous les cas, l’ensemble des revenus du foyer ne pourra être supérieur à ces 1 553 €, un montant à peine supérieur au seuil de pauvreté (1 446 € par mois pour un couple sans enfant) !
Au-delà de ces histoires de chiffres, c’est le principe même d’instaurer une dépendance financière entre la personne handicapée et l’élu(e) de son coeur qui est condamnable. Certes, le droit au RSA dépend lui aussi des ressources du conjoint, concubin ou pacsé, mais l’allocataire peut espérer retour à meilleure fortune. Ce qui n’est pas le cas des femmes et des hommes que leur handicap prive d’accès au marché du travail.
Les associations de personnes handicapées réclament depuis des années que les ressources du partenaire ne soient plus prises en compte pour le calcul des droits à l’AAH. En vain… Le gouvernement devra en passer par cette réforme s’il souhaite que le mariage devienne réellement un droit pour tous. Franck Seuret – Photo Dtiriba