Mali : la transparence de l’aide au développement est notre meilleure alliée
Un mois après la conférence des donateurs pour le Mali qui a eu lieu le 15 mai à Bruxelles à l’initiative de la France et de l’Union européenne, où en sommes-nous de la reprise de l’aide française au développement ? Comment réussir le pari de la transparence dans un pays auquel la communauté internationale a promis plus de 3,1 milliards d’Euros – 280 millions d’euros en ce qui concerne la France pour les deux prochaines années ?
Ces questions étaient au centre de mon quatrième déplacement dans la région depuis janvier 2013, les 13 et 14 juin derniers.
Retour des services de base
Sous 47 degrés à l’ombre, les habitantes et les habitants de Gao observent le retour de la fourniture des services de base : eau, électricité sont de nouveau à disposition à un niveau à peu près comparable à ce qu’il était avant l’occupation de la ville par les groupes armés. Pourtant, beaucoup reste encore à faire. En effet, malgré la récente livraison de nouvelles pompes à eau financées par l’aide française, l’eau est parfois encore manquante, et l’électricité ne fonctionne que quelques heures par jour dans cette ville où les habitantes et habitants attendent avec impatience la saison des pluies, qui, si elle tarde à venir, fera peser de lourdes menaces sur la sécurité alimentaire dans les mois à venir.
Un des sujets majeurs de préoccupation reste le retour de toutes les familles qui ont fui vers les pays voisins ou vers la capitale, Bamako. Ces familles que j’ai rencontrées au camp de Mentao au Burkina Faso en février 2013 ne sont pas encore revenues soit pour des raisons de financement du retour, soit parce que la peur est encore là. Cette peur, ce sont les journalistes des radios communautaires de Gao qui en parlent le mieux. Coincés dans une minuscule pièce du bâtiment d’un ancien cinéma en plein air de la ville, sur les rives du fleuve, les journalistes racontent le quotidien sous l’occupation : les mains coupées, les violences en direction des femmes et des jeunes filles, les interdictions diverses et variées. Et pourtant, ils ont tenu le coup ! Et certaines radios n’ont pas cessé de diffuser leurs programmes. C’est une véritable leçon de courage que nous ont donnée ces hommes et ces familles. Je me suis engagé auprès d’eux afin de financer le matériel de radio manquant.
Transparence de l’aide au développement
C’est à leurs micros que j’ai annoncé la mise en place d’un système de transparence pour l’aide française au Mali. En effet, la France va pour la première fois publier sur un site internet une liste précise des projets qu’elle va financer dans le cadre de l’aide au développement. Ce dispositif permettra à la fois aux Françaises et aux Français de voir concrètement à quoi sert notre aide, mais aussi aux Maliennes et aux Maliens et à leurs ONG de suivre, grâce au calendrier, l’exécution des projets, et ainsi de constater avancées et éventuels retards. Une hotline par SMS viendra compléter ce dispositif en permettant une interpellation directe des responsables français. Inédite, cette méthode instaure une forme de contrôle citoyen à côté des contrôles habituels. Je crois profondément que la transparence est la meilleure alliée de l’aide au développement.
Pascal Canfin, Ministre délégué chargé du développement
Une réflexion au sujet de “Mali : une aide au développement transparente”
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Monsieur Pascal Canfin . Vos projets et vos idées vous honorent et je vous souhaite de pouvoir les réaliser . Si des freins plus ou moins anormaux devaient interférer , veuillez , je vous prie , nous en faire part largement , haut et fort . Nous avons le droit de demander ce qui se passe avec notre argent , bien sûr . Et c’est surtout le seul moyen de redonner confiance dans l’action des dirigeants de ce pays , dans l’intérêt des mobilisations aux élections , pour l’électorat potentiel .