Madagascar a vécu le 20 décembre 2013 des élections présidentielles (second tour) et législatives, qui mettent un terme à cinq années du régime de transition issu du putsch mené par Andry Rajoelina en 2009 contre l’ancien président élu Marc Ravalomanana.
Le bilan de ce régime illégitime, adepte de la violence et non reconnu par la communauté internationale, est tristement connu : Madagascar a reculé au rang des pays les plus pauvres de la planète et 92 % de sa population vit sous le seuil de pauvreté. Pendant ces cinq années de transition, le pays a été soumis au pillage de ses ressources et le clan au pouvoir a pu accumuler d’immenses fortunes grâce à des trafics illégaux (bois de rose, or, pierres précieuses, accaparement de terres…).
Le nouveau président Hery Rajaonarinampianina était le ministre des Finances et du Budget de ce régime. Il a pu disposer de moyens de campagne gigantesques, la loi électorale n’ayant pas fixé de plafond. Il a pu bénéficier de l’appui pendant sa campagne du président de la Transition post-putschiste Andry Rajoelina, en violation des accords de sortie de crise qui avaient valeur de loi .
Enfin, les conditions de son élection sont contestables. Face aux accusations de fraudes massives de son opposant au second tour Jean-Louis Robinson, soutenu par l’ex-président Ravalomanana exilé en Afrique du Sud, la Cour Electorale Spéciale a confirmé la victoire de Hery Rajaonarinampianina. Et ce, après avoir refusé le travail de confrontation de tous les procès-verbaux et de recomptage réclamés par Jean-Louis Robinson, par le Parti Vert Malgache (qui a soutenu Jean – Louis Robinson au second tour ) et par une grande partie de la société civile. On ne saura jamais si le résultat n’en a pas été inversé. Cependant, Jean-Louis Robinson a finalement accepté sa défaite, par respect d’une incertaine légalité, tout en maintenant que la victoire de son adversaire n’est pas légitime.
La communauté internationale, au premier rang de laquelle la France, l’Union africaine et la SADC (Communauté de développement de l’Afrique australe), s’est empressée de se féliciter d’un scrutin qu’elle juge transparent et démocratique, afin de mettre fin à la crise et de permettre la reprise de l’aide internationale. Le retour à l’ordre constitutionnel était aussi attendu pour la signature d’accords commerciaux ou l’obtention de permis, dans le domaine extractif notamment.
Europe Ecologie-Les Verts félicite le Parti Vert Malgache (Antoko Maitso-Hasin’I Madagasikara), créé en 2008 et qui participait pour la première fois à des élections : sa présidente, Saraha Georget-Rabeharisoa, a obtenu 4,52 % au premier tour de la présidentielle et le parti a obtenu au moins deux députés à l’Assemblée nationale. Europe Ecologie-Les Verts soutient le Parti Vert Malgache dans les recours qu’il a engagés pour l’élection de plusieurs autres députés Verts victimes de fraudes .
EELV prend acte de l’acceptation du résultat de la présidentielle par le candidat Jean-Louis Robinson et le Parti Vert Malgache, mais s’inquiète de ce que ces résultats contestés ne constituent les germes d’une nouvelle crise à plus ou moins court terme.
Tout en condamnant fermement tout acte de violence, EELV soutient les efforts de la société civile et des citoyens dans leurs aspirations en faveur de la vérité des urnes, contre le pillage des ressources naturelles, pour la restauration de l’Etat de droit et contre l’impunité.
EELV s’inquiète du manque de crédibilité du processus de résolution de crise et d’observation des élections mis en œuvre par la communauté internationale. EELV souligne que l’envoi d ’un petit nombre d’observateurs internationaux au regard d’un grand nombre de bureaux de vote ne garantit pas la transparence d ’un scrutin. Une révision de cette stratégie semble nécessaire.
Enfin, EELV recommande la plus grande prudence dans la reprise de l’aide internationale à Madagascar, en raison du passif non épuré du régime transitoire en termes de pillage des richesses nationales . Cette aide doit contribuer à un développement durable et équitable pour tous, basé sur la gestion rationnelle des ressources naturelles, et non servir de cataplasme face à l’hémorragie des richesses nationales. Etant donné les mauvaises performances de Madagascar en termes de corruption, EELV demande que des mécanismes de contrôle accrus soient mis en place dans le cadre des accords de coopération bilatéraux et multilatéraux à laquelle la France contribuera.