Samedi 23 mai, Camélia Jordana a dénoncé les violences policières sur le plateau de l’émission “On n’est pas couché ». Au plus haut niveau de l’État, le ministre de l’Intérieur, a appelé à “une condamnation sans réserve” de ces “propos mensongers et honteux.” Les écologistes expriment toute leur inquiétude face au déni du problème systémique des violences policières et au refus d’un débat démocratique sur cette question, alors même que seuls la transparence et le dialogue permettraient d’endiguer le phénomène.
Depuis cette séquence, une bonne partie des médias, nombre de politiques et des syndicats de police se sont ligués contre la chanteuse, et le syndicat policier Alliance a décidé de saisir le procureur.
Pourtant, le 6 mai dernier, deux policiers ont été condamnés à quatre ans de prison, dont deux fermes, pour avoir roué de coups un adolescent de 16 ans dans un quartier populaire du Nord de Marseille. En avril dernier, la diffusion d’une vidéo de policiers tenant des propos racistes lors d’une interpellation a suscité une vague d’indignation sur les réseaux sociaux : “un bicot comme ça, ça nage pas. Ça coule. Tu aurais dû lui accrocher un boulet au pied”. Il y a quelques jours, une nouvelle vidéo montre une intervention violente des forces de l’ordre dans un quartier de Lille : coups de matraques, lacrymogène à bout portant et insulte à caractère raciste « FDP bougnoules ».
Malgré cette multiplication de témoignages de violences policières, nous n’avons observé que très peu de réactions de la part du gouvernement. Lorsque Camélia Jordana alerte sur le fait qu’il y a “des milliers de personnes qui ne se sentent pas en sécurité face à un flic,” elle met le doigt sur un point que le Gouvernement a choisi d’ignorer : aujourd’hui, il existe un malaise autour de la question des violences policières et le gouvernement choisit d’éviter le débat de fond, contribuant à fragiliser le dialogue entre police et population et la cohésion sociale.
Dans un avis rendu le 12 mai, le Défenseur des droits a dénoncé des contrôles et des violences policières discriminatoires “systémiques” ciblant des jeunes adultes d’un quartier populaire du 12e arrondissement à Paris.
Ces inégalités territoriales manifestes ne garantissent pas un droit à la sécurité pour tou·te·s : les quartiers populaires ne demandent ni paternalisme ni traitement de faveur, mais le respect du pacte républicain. Les familles y vivant souffrent d’une sous-dotation de services publics par nombre d’habitants et d’une insécurité dont elles sont les premières victimes. Il est temps de sortir des logiques sécuritaires d’affichage.
La question des violences policières n’est pas le fait d’individus, mais bien d’un contexte qui les autorise, protège celles et ceux qui les commettent, et réduit les victimes au silence. Dans le même temps, nombre de policiers s’inquiètent aujourd’hui de ce que l’opinion publique leur soit défavorable, beaucoup sont victimes d’insultes ou des tensions locales et certains sont parfois blessés dans le cadre de leur travail. Pour protéger certain·e·s, le gouvernement choisit de jeter l’opprobre sur toute une profession.
Europe Écologie Les Verts attend donc du gouvernement qu’il condamne le déferlement de propos racistes, sexistes et menaçants à l’encontre de Camélia Jordana, et appelle à un débat démocratique pour mettre fin aux violences policières.
Alain Coulombel et Éva Sas, porte-paroles
Commission Quartiers populaires d’EÉLV