Tribune de Pascal Canfin parue dans Libération à l’occasion des un an de l’intervention au Mali. A retrouver sur le site de Pascal Canfin ou sur Liberation.fr
Il y a un an, le 11 janvier 2013, la France intervenait au Mali. Les Françaises et les Français découvraient les terribles témoignages de celles et de ceux qui subissaient la violence depuis des mois, les paroles des femmes martyrisées, des enfants privés d’école, des infrastructures vandalisées rendant la vie quotidienne impossible, les visages de centaines de milliers de réfugiés dans les pays voisins ou déplacés du nord au sud du pays. Dès le 11 janvier 2013 la France a défendu au Mali une stratégie reposant sur trois dimensions : restaurer la sécurité, la démocratie et les capacités de développement économique du pays. Même s’il faut toujours rester vigilant, la sécurité a fait des progrès considérables. Un nouveau président a été élu en août avec un taux de participation record et les élections législatives viennent de se tenir. Quant au développement, il repart progressivement.
Le 15 mai dernier, à Bruxelles, la France et l’Union européenne ont mobilisé la communauté internationale qui s’est engagée à fournir 3,2 milliards de dollars au Mali dans les vingt-quatre prochains mois. Cette mobilisation, supérieure aux attentes, s’est déjà traduite dans les faits : six mois après le succès de Bruxelles, plus du quart du montant global des ressources promises a déjà été effectivement investi sur le terrain. Concrètement il s’agit d’actions dans des domaines comme la santé, l’éducation, la formation professionnelle, l’accès à l’énergie et à l’eau, l’aide au retour des réfugiés, l’appui aux petits agriculteurs, etc… En janvier, après plusieurs mois d’occupation du Nord Mali par les groupes terroristes, les services de base étaient dévastés : la plupart des écoles avaient fermé, les services de santé ne fonctionnaient plus, l’eau et l’électricité étaient fournies au compte-gouttes. Aujourd’hui 150 000 élèves ont pu reprendre le chemin de l’école dans les régions de Gao et Tombouctou, ce qui correspond à un quasi-retour à la normale ; 180 centres de santé fonctionnent de nouveau dans les zones affectées par le conflit. La remise en état des pompes et des générateurs a permis de normaliser la distribution d’eau potable et de doubler la fourniture d’électricité, même si les délestages sont encore quotidiens, comme avant la crise.
Pour éviter les écueils du passé, j’ai souhaité que cette aide soit mise en œuvre de manière transparente, en lien avec le programme du nouveau gouvernement malien de lutte contre la corruption. Pour la première fois, depuis le mois de septembre, tous les projets financés par la France figurent sur un site internet dédié qui permet à chaque Malien, comme à chaque Français de suivre, ce que la France finance et l’avancée des réalisations sur le terrain. Par ailleurs, la diaspora malienne présente dans l’hexagone est associée au retour de notre aide publique au développement. Un programme spécifique de soutien financier des projets de développement local portés par les Maliens de France a été initié.
Beaucoup reste à faire dans un pays où un enfant sur 13 trouve la mort avant 5 ans sans avoir eu accès à un médecin et où le taux d’alphabétisation des adultes dépasse à peine les 30 %. Et la bataille de la paix et du développement ne se gagne pas en quelques mois. Mais la mobilisation engagée à l’initiative de la France et de l’Europe commence à porter ses fruits. Nous pouvons en être fiers.
Pascal Canfin