La remise en cause du sacro-saint PIB est depuis longtemps un impératif environnemental et social.
Au sortir de l’essoufflement productiviste des 30 Glorieuses, le Produit Intérieur Brut a continué, année après année, décennie après décennie, de nourrir notre seul horizon collectif possible et imaginable : la recherche aveugle de la croissance – pour ne pas dire au XXIème siècle de miraculeux « points » de croissance – en dépit de la raréfaction des ressources naturelles et des inégalités qu’elle engendre.
C’est pourquoi nous devons nous féliciter de l’adoption définitive de la proposition de loi relative à des indicateurs de richesse alternatifs – portée par la députée Eva Sas – qui constitue une petite révolution, et un motif d’espoir.
Cette loi, à travers une nouvelle démarche et de nouveaux outils de mesure auxquels les citoyens seront in fine associés, ouvre en effet une brèche dans ce qui constituait un tabou : repenser le temps long dans la mise en œuvre des politiques publiques. Une rupture dans les choix politiques, enfermés dans les logiques mortifères du court-termisme et de la mise au centre de la consommation comme simple finalité humaine.
Car les limites du PIB, jusqu’ici boussole indétrônable de nos décideurs politiques, sont souvent soulignées. La croissance ne peut être une fin en soi tant elle ne distingue pas ce qui est bon ou mauvais pour notre santé ou notre environnement. Aujourd’hui, que l’on tombe malade, que l’on ait un accident de voiture, ou qu’un bateau pétrolier s’échoue en pleine mer, le PIB croît (frais de médecin, de garagiste..) au mépris de notre bien-être et des éco-systèmes.
Au contraire, en prenant en considération dans l’évaluation des politiques publiques de nouveaux indicateurs plus révélateurs et plus justes, telle la qualité de vie, l’empreinte écologique, la biodiversité, l’espérance de vie en bonne santé, l’accès au logement ou les inégalités de revenus, on s’adapte mieux aux besoins réels des gens et aux exigences de notre environnement.
Il n’y aura pas de construction d’une nouvelle société, plus juste, plus solidaire, plus durable sans nouvelles manières d’agir et de penser.
C’est en cela qu’il s’agit aujourd’hui d’une belle et grande victoire culturelle pour les écologistes, qui en appelle d’autres.
Emmanuelle Cosse, secrétaire nationale d’EELV