Alors que les terribles évènements de ce début d’année semblaient rassembler l’ensemble des forces progressistes autour de l’essentiel -à savoir les valeurs de la République -, l’épisode de la loi Macron a mis en lumière trois contresens.
Il y a d’abord le contresens économique. Alors que la crise frappe les territoires français comme peut-être jamais auparavant, avec des niveaux de pauvreté, de désespoir – d’intolérance! – extrêmement préoccupants, les réponses apportées par Emmanuel Macron ne sont pas celles que nous attendions. Texte sans imagination, porteurs de reculs des droits sociaux et environnementaux, il empêche, voire retarde le réveil du formidable vivier d’emplois que constitue la transition écologique de l’économie. La loi se veut «un coup de jeune» mais ne fait rien pour faire entrer l’économie française dans le 21ème siècle.
Il y a ensuite le contresens démocratique. En politique, le chemin emprunté compte au moins autant que l’objectif visé. Ici, le recours à des artifices institutionnels visant à contourner le débat parlementaire nous éloigne d’une pratique démocratique apaisée. Rien de bonni de constructif ne peut sortir d’un passage en force. Le gouvernement croit répondre aux aspirations des Français par plus d’autorité, alors qu’ils demandent plus d’écoute.
Il y a enfin le contresens social. Alors que le caractère fourre-tout de la loi Macron l’a rendue très difficile à comprendre, on a pu découvrir son état d’esprit général grâce aux déclarations récentes d’Emmanuel Macron dans les médias. « Si j’étais chômeur, je n’attendrais pas tout de l’autre». Comme si les chômeurs et les pauvres étaient coupables de leur situation et pas, dans leur immense majorité, victimes de mécanismes de reproduction et d’accroissement des inégalités sociales.
C’est parce qu’il s’est basé sur ces trois contresens que le gouvernement n’a pas réussi à rassembler une majorité autour de la loi Macron. Transition écologique, écoute et empathie, trois axes que le gouvernement devrait prendre à son compte pour redonner du sens à son action et retrouver la confiance des Françaises et des Français.
Emmanuelle Cosse, secrétaire nationale d’Europe Ecologie Les Verts