« Nous, parlementaires européens, en appelons à l’Union européenne, à la France, à tous les hommes et les femmes du monde épris de justice et de liberté. L’Etat palestinien doit devenir le 194ème Etat reconnu comme faisant parti de l’ONU. La paix doit avoir sa chance. Donnons une chance à la paix et à la justice… » Tribune.
Le 20 septembre 2011, l’Etat palestinien demandait à l’Assemblée générale de l’ONU sa reconnaissance par la communauté internationale, dans les frontières de 1967 avec Jérusalem-Est comme capitale. L’Unesco admettait la Palestine comme membre à part entière le 30 octobre 2011. Ce lundi 19 novembre, une réunion des Ministres des affaires étrangères de l’Union européenne doit dessiner la position européenne sur cette question. La position de la France est importante.
Le temps est venu pour la Palestine de rejoindre la communauté internationale comme nation souveraine. Le 29 novembre 1947, l’Assemblée générale des Nations-unies adoptait la résolution 181 demandant la création de deux Etats, celui d’Israël et celui de Palestine, recommandant le partage de la Palestine en deux États, l’un arabe et l’autre juif. C’est cette résolution n°181 qui assure, aujourd’hui encore, les conditions de légitimité internationale qui garantissent le droit du peuple palestinien à la souveraineté et à l’indépendance.
En demandant d’entrer à l’Organisation des Nations Unies, la Palestine interpelle la responsabilité de la communauté internationale. Le statu quo n’est pas acceptable. Il ne tient pas compte de la primauté du droit et de la légalité internationale. Plus de 130 Etats ont reconnu la Palestine comme Etat à part entière, dont huit membres de l’Union européenne ayant réagi positivement à la déclaration d’indépendance de la Palestine du 15 novembre 1988. Depuis lors, la reconnaissance a été évoquée par l’Union européenne à plusieurs reprises. Lors de sa conférence du 13 avril dernier, le Comité de liaison Ad Hoc des donateurs a reconnu, sur la base des rapports de l’ONU, de la Banque mondiale et du FMI, que les Palestiniens avaient dépassé le seuil d’un Etat fonctionnel dans les secteurs clefs et que « les institutions palestiniennes soutenaient désormais avantageusement la comparaison avec celles des Etats qui existent ». En cela, le futur Etat palestinien remplit formellement toutes les conditions requises juridiquement pour solliciter sa reconnaissance auprès de la plus haute instance internationale.
L’établissement de l’État de Palestine avec pour capitale Jérusalem-Est permettra de faire avancer la paix au Moyen-Orient. Mais ne nous cachons pas les problèmes. L’édification de cet Etat, même reconnu par la communauté internationale, sera difficile. Les Israéliens en occupant la Cisjordanie l’ont transformé progressivement en un gruyère d’implantations imbriquées dans des terres palestiniennes. Les quartiers arabes de Jérusalem sont cernés de constructions qui empêchent toute possibilité d’envisager une entité autonome palestinienne dans la capitale. La responsabilité d’Israël dans la région et la colonisation des terres depuis la guerre de 1967 lui donne des obligations particulières envers l’État de Palestine. La colonisation des terres devra cesser, le mur détruit, la question des réfugiés réglée.
En reconnaissant la souveraineté et l’indépendance de la Palestine, et en accompagnant ce geste de l’indispensable soutien financier qu’il requiert, l’Europe ancrera solidement l’Etat palestinien dans le camp de la paix et de la coexistence et renforcera la stabilité de la région.
Aujourd’hui, la question de la reconnaissance de cet Etat est posée. Il faut y apporter une réponse claire et nette. La France et l’Europe ne peuvent tergiverser. L’accord conclu entre le Parti Socialiste et Europe-Ecologie-Les Verts stipule que la République française reconnaîtra l’Etat de Palestine et défendra le droit de l’Etat d’Israël à vivre en sécurité. L’ex-député François Hollande a déposé le 27 septembre 2011 un projet de résolution dans lequel il invitait « le gouvernement français à prendre au cours de la prochaine session de l’Assemblée générale de l’ONU les décisions permettant la reconnaissance et l’admission d’un État palestinien ». Enfin le candidat Hollande à la Présidence de la République dans son 59ème engagement a indiqué : « Je prendrai des initiatives pour favoriser, par de nouvelles négociations, la paix et la sécurité entre Israël et la Palestine. Je soutiendrai la reconnaissance internationale de l’État palestinien. » La France et l’Europe ne peuvent se renier. Nous sommes parvenu au seuil d’un tournant historique dans l’histoire de cette région et du monde. Tout rétropédalage constituerait un signal négatif face à la révolution démocratique arabe qui balaie les dictatures.
Nous parlementaires européens en appelons à l’Union Européenne, à la France, à tous les hommes et les femmes du monde éprises de justice et de liberté. L’Etat palestinien doit devenir le 194ème Etat reconnu comme faisant parti de l’ONU. La paix doit avoir sa chance. Donnons une chance à la paix et à la justice.
Par les eurodéputés EELV (Eva Joly, Daniel Cohn-Bendit, Hélène Flautre, José Bové, Nicole Kiil-Nielsen, Jean-Jacob Bicep, Malika Benarab-Attou, Yves Cochet, Michèle Rivasi, François Alfonsi, Karima Delli, Yannick Jadot, Sandrine Bélier, Karim Zeribi, Catherine Grèze)
Intervention de Daniel Cohn-Bendit sur Gaza le 21 novembre 2012 parEurodeputesEE
Pour en savoir plus : Pour le nouvel Etat de Palestine sur le site du journal Libération