Les Verts ont 30 ans. Et l’écologie politique 40 avec la candidature de René Dumont en 1974. C’est le moment où jamais de souligner à quel point l’écologie a été pionnière. Et bien sûr continue à l’être. Nous avons été les premiers à mettre en place la parité dans nos instances et nos candidatures. Les premiers à nous appliquer le non cumul des mandats qui vient enfin d’entrer dans la loi.
Les premiers à dire que chacun et chacune avait le droit de se marier (comme de ne pas se marier ☺) quelle que soit son orientation sexuelle, combat victorieux en France depuis la loi sur le mariage pour tous. Les premiers à alerter sur les risques sanitaires de nos modes de vie et de certaines de nos productions, de l’amiante au diesel en passant par le bisphénol A ou les antennes relais. Les premiers à alerter sur les risques du nucléaire qui sont malheureusement devenus réalités à Tchernobyl comme à Fukushima. Les premiers à alerter sur les menaces écologiques globales comme le changement climatique, la pénurie d’eau potable ou la perte accélérée de biodiversité. Ou encore les premiers à souligner l’insoutenabilité sociale, économique et bien sûr environnementale des modèles agricoles dominants, comme le montre aujourd’hui l’implosion du « modèle breton ».
Mais nous sommes aussi les premiers à avoir constitué dès les années 90 un vrai parti européen, le PVE, qui organiseles premières primaires européennes. Les premiers à nous situer clairement dans un champ politique européen, et là où beaucoup autres se replient sur la Nation, à continuer à affirmer une vision internationaliste et solidaire du monde et de l’Europe.
Le fait d’avoir été pionnier depuis 30 ans montre à quel point nous pouvons gagner des batailles culturelles. Voilà pourquoi j’espère que bientôt nous pourrons ajouter à la liste de ces victoires : l’engagement de la sortie du nucléaire, le droit à mourir dans la dignité, ou encore le droit pour les étrangers de voter aux élections locales.
Il nous reste encore beaucoup de batailles culturelles à gagner : mettre à distance la société de consommation et montrer que l’on peut vivre mieux en consommant moins ; se battre pour une France qui se reconnaitrait enfin comme un grand pays d’immigration pluriculturel, richesse à valoriser dans un monde globalisé ; faire comprendre que l’avenir de nos emplois réside justement dans une société et une économie plus écologique au travers de la transition énergétique, de la révolution industrielle verte, des échanges de liens et non de biens…
Et pour gagner ces batailles, il ne faut pas chercher à convaincre tel ou tel partenaire politique, mais bien la société. Alors à 30 ans, soyons fiers de ce que nous avons réalisé car je ne connais pas de plus beau projet politique que celui qui consiste à transmettre à ses enfants un monde dans lequel il fait bon vivre.
Pascal Canfin, ministre délégué chargé du Développement