Le Parlement européen et le Conseil ont annoncé le 28 novembre dernier le maintien du Fonds européen d’aide aux plus démunis (FEAD) dès janvier 2014 et jusqu’en 2020, grâce à un budget préservé à son niveau actuel de 3,5 milliards d’euros. Pour Karima Delli et José Bové, eurodéputés EELV, la pression exercée par les parlementaires et les associations a finalement porté ses fruits.
Depuis 2011, et une décision de la Cour de Justice remettant en cause le programme européen d’aide aux plus démunis (considérant qu’il s’agissait d’une politique sociale et non plus d’une réaffectation des surplus agricoles au sein de la PAC), l’existence de ce fonds était menacé. Après plusieurs années de débats entre Etats-membres et parmi les institutions européennes, ce budget vient d’être préservé. Ce sont 18 millions de personnes en Europe qui pourront bénéficier jusqu’en 2020 des actions portées par les associations caritatives européennes. « 3,5 milliards d’euros seront mis à la disposition des Etats européens pour permettre à des millions de personnes démunies de manger à leur faim », explique Karima Delli, eurodéputée EELV, membre de la commission des Affaires sociales.
Circuits courts et alimentation de qualité
Au cours des négociations, les modalités de mise en œuvre de ce fonds européen ont été également remises à plat. Les écologistes se réjouissent de certaines améliorations qu’ils ont soutenues tout au long des débats : ce fonds permettra par exemple de financer (en plus de la distribution) la collecte, le transport et le stockage des dons alimentaires. Des aliments locaux, parfaitement comestibles, qui auraient été jetés et gâchés, pourront ainsi être récupérés et redistribués. « En nouant des partenariats avec les producteurs locaux, les aides alimentaires inciteront au développement des circuits courts de production alimentaire, pour une nourriture de meilleure qualité et une préservation accrue de l’environnement », précise José Bové, eurodéputé EELV.
Mis en œuvre en étroite collaboration avec les organisations caritatives et grâce à leur expérience de terrain, ce budget pourra être dépensé plus efficacement et profitera à davantage de personnes. Enfin, en plus de la distribution de nourriture, d’autres mesures pourront être financées pour aider à l’insertion sociale des plus démunis, comme l’accompagnement pour l’accès à un logement décent.
Budget pluriannuel
En pérennisant ce fonds, les institutions européennes sortent grandies d’une crise politique et budgétaire. Les Etats-membres, pourtant très divisés sur la question de l’Europe sociale, sont entre eux parvenus à un accord pour financer un outil commun, vital pour les plus pauvres des Européens. C’est l’unique effort budgétaire auquel ils auront consenti ensemble en cette fin d’année 2013… Car en adoptant en novembre dernier un budget pluriannuel au rabais (un recul de 9 % par rapport à la période actuelle !), les institutions ont en parallèle renoncé, sur le long terme, à poursuivre la construction d’une Europe solidaire et ambitieuse, capable de mettre en œuvre de véritables politiques de relance.
Le FEAD est sauvé, et c’est une bonne nouvelle, mais face à une Europe de l’austérité et à de tels égoïsmes nationaux… il servira de pansement sur les plaies de la crise pendant de trop nombreuses années encore.
– Voir sur le site des eurodéputés Europe Ecologie – Les Verts