| Archives EELV

L’écologie n’est pas encore ligne de conduite des multinationales françaises

De la forêt de Khimki en Russie, où Vinci construit une autoroute au grand dam de la biodiversité et malgré des soupçons de corruption, au Guatemala, où Perenco creuse de nouveaux puits de pétrôle contre l’avis de la Cour Interaméricaine des Droits de l’Homme, les entreprises françaises ont bien du mal à respecter écologie et Droits humains. Europe Ecologie – Les Verts émet au sein de son projet 2012 plusieurs propositions pour rendre plus acceptables les activités de nos firmes (multi)nationales.

Depuis plus de 4 ans, des militants écologistes et défenseurs des droits humains se battent contre un projet d’autoroute mené par l’entreprise française Vinci au sein de la forêt de Khimki, poumon vert de la banlieue Moscovite. La lutte contre la construction de l’autoroute, dont les travaux ont déjà démarré, est devenue un symbole du combat de l’opposition russe contre le régime de Vladimir Poutine. Lieu commun de la corruption, les mégaprojets comme celui de Khimki sont financés par des fonds obscurs, notamment libanais ou chypriotes. La leader du mouvement, Evguénia Tchirikova, a été plusieurs fois arrêtée et a reçu plusieurs menaces de mort. Leur mobilisation n’ayant pas rencontré de réponse ni de la part des autorités russes ni de Vinci, les militants de la forêt de Khimki ont décidé de changer de mode de protestation et viennent d’ouvrir un campement nommé Antiseliguer, premier forum de citoyens dans la nature sur le modèle inversé des Forums Seliguer des jeunesses poutiennes Nachi. Yaroslav Nikitenko, l’un des organisateurs du campement, est venu rencontrer une délégation d’Europe Ecologie – Les Verts, dont Jean-Philippe Magnen, pour accentuer la sensibilisation et tenter de trouver des manières de contrer le financement par Vinci de ce projet destructeur. Le défi est de taille : mardi dernier, le Premier ministre François Fillon a profité d’une entrevue avec Vladimir Poutine pour réaffirmer son soutien au projet. Lundi après-midi, les Jeunes écologistes et autres militants ont organisé un atelier de rue de sensibilisation.

Les compagnies pétrôlières françaises sont également mises en cause : exemple parmi tant d’autres, l’entreprise Perenco, après avoir été il y a tout juste un an incriminée par les Nations-Unies au sujet d’un oléoduc construit dans la forêt péruvienne sur le territoire de populations indigènes, construit désormais de nouveaux puits de pétrôle au Guatemala. Les élections présidentielles guatémaltèques se tiennent en septembre 2011. Rigoberta Menchu, prix Nobel de la paix en 1992 « en reconnaissance de son travail pour la justice sociale et la réconciliation ethno-culturelle basées sur le respect pour les droits des peuples autochtones » souhaite profiter de la campagne pour mettre en avant le cas Perenco, dont le contrat qui prenait fin en 2010 a été prolongé pour 10 ans malgré le refus de trois ministres du gouvernement, sans consultation de la population et sans étude d’impact environnemental. Ce n’est pas tout : l’étude d’impact économique, menée par l’expert indépendant est Anibal Garcia, candidat à la vice-présidence auprès de Madame Menchu, montre que le projet n’apporte pas de bénéfices économiques pour le pays. La Cour Interaméricaine des Droits de l’Homme a rendu des avis négatifs sur la prolongation du contrat et même les Etats-Unis, inquiets, ont lancé une Commission d’enquête pour savoir si la prolongation du contrat répond aux critères pourtant faibles du Traité de libre-échange les liant avec l’Amérique centrale. Des députés allemands ont bien proposé d’aider le Guatemala à construire un projet du type « Yasuni », en Equateur afin de compenser les émissions évitées par la fin du contrat. Mais rien n’y fait : les soupçons de pots-de-vin grandissent avec l’obstination du gouvernement Guatémaltèque. Ne soyons pas dupes des différentes initiatives comme le financement par l’entreprise Perenco elle-même de l’exposition « Maya » au quai d’Orsay à Paris ce mois-ci. Elles ne constituent qu’un cache-sexe pour des multinationales aux activités nocives menées en complicité avec les gouvernements en place. Anibal Garcia est également venu rencontrer Europe Ecologie – Les Verts cette semaine, auprès du Collectif Guatemala.

> Télécharger le rapport complet sur le cas Perento (format PDF)


Construire une vraie gouvernance écologique mondiale semble seule pouvoir répondre aux agissements des multinationales et à la corruption persistante des gouvernements, engendrée par l’exploitation des ressources naturelles à prix fort. Les rencontres et mobilisations communes entre écologistes de tous les pays se multiplient : les écologistes russes de Khimki seront d’ailleurs présents aux côtés des organisations protestant contre le projet similairement destructeur de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes le 9 juillet prochain. Contre toutes ces exactions, Europe Ecologie – Les Verts propose la création d’une Organisation Mondiale de l’Environnement, intégrée au sein du système des Nations-Unies, à laquelle serait attachée une Cour pénale de justice ayant le pouvoir de s’autosaisir. Rendre contraignante les législations sociales et environnementales devient pressant face au défi écologique : mettre en place une clause de la nation la plus favorisée en termes environnementaux, sur le modèle prôné à l’OMC et créer rapidement un véritable statut pour les biens publics mondiaux et biens communs constituent d’autres pistes à étudier.

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