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L’École au coeur des questions de société de l’après-Charlie : quelles refondations possibles ?

Après les attentats et les manifestations d’unité nationale qui les ont suivi, le temps est désormais venu de s’interroger sur les rôles, les missions et les faiblesses de l’école. Si c’est le cas à chaque crise majeure, ça l’est de manière encore plus aiguë aujourd’hui, puisque les auteurs des attentats ont tous suivi un parcours scolaire dans le système éducatif français.

Pour les écologistes, si notre système éducatif doit évidemment être réinterrogé, il ne peut non plus être pointé comme principal responsable et comme réponse unique à une situation autrement plus complexe. L’école doit en revanche tout tenter pour mettre en oeuvre la réduction des inégalités, ainsi que lutter contre le décrochage, le sentiment de mal-être, d’isolement voire de rejet ressenti par beaucoup d’enfants, d’adolescent-e-s et de jeunes adultes.

Dans les annonces qui ont été proposées par la ministre de l’éducation Najat Vallaud Belkacem, EELV se réjouit de l’idée d’un parcours citoyen, de la promotion de l’éducation aux usages des technologies numériques et des réseaux sociaux, de la volonté affichée de mobiliser les ressources des territoires et de la préoccupation d’associer l’enseignement supérieur aux réflexions sur la laïcité. EELV se réjouit également des annonces faites sur la refonte de la carte scolaire qui est une réponse à un système scolaire plus juste favorisant la mixité sociale ainsi que de l’association des structures d’éducations populaires, véritables acteurs mal reconnus du système éducatif.

EELV cependant est inquiet que des enfants puissent être auditionnés par la police à la suite de propos tenus dans les écoles. L’école doit être un lieu de débat, un lieu de liberté où les enfants se sentent en confiance pour s’exprimer. Il est du rôle de l’école ensuite lorsque ces propos sont déplacés de débattre, corriger et limiter. Seuls les abus présentant un réel danger pour le personnel ou les élèves doivent donner lieu à poursuite. Priver les enfants d’une parole libre serait absolument contre-productif. Au contraire il faut souhaiter que l’école fasse parler, débattre et discuter, que toutes les opinions des enfants puissent y être dites pour que l’on puisse bien mieux combattre l’obscurantisme et la haine.

Les écologistes constatent également que certaines annonces du gouvernement laissent dans l’ombre des éléments importants. Comment pratiquer la formation continue au plus près des besoins des équipes pédagogiques des établissements ? Comment ajouter de nouvelles missions aux Espés qui n’arrivent pas à tenir toutes les missions qui leur sont confiées ? Comment refonder la politique de la ville autour des enjeux d’éducation? Pourquoi créer une nouvelle structure (les comités départementaux d’éducation à la santé et à la citoyenneté) alors que les structures existantes (comités académiques et départementaux de l’Education nationale) ne sont pas suffisamment utilisés comme outils de régulation et de définition stratégique ?

Les familles, les enseignants, les chefs d’établissement, les communes concernées attendent des mesures concrètes pour sortir les établissements d’une logique de ghettoïsation, qui subissent le recul des services publics sur des territoires qui se vivent aujourd’hui à l’écart du pacte républicain. La refonte des méthodes pédagogiques et l’apprentissage par les arts, la culture et la musique doivent être mis en oeuvre.

EELV est favorable à un acte II de la refondation. Le travail interministériel devra s’inscrire dans la durée et laisser toute leur place aux démarches participatives.

Pour les écologistes, il est désormais une priorité : plutôt que d’évoquer d’aussi inutiles qu’effrayantes « cérémonies patriotiques », il faut se fixer de véritables objectifs de débats, de diminution des inégalités et de lutte contre l’exclusion.

 

Julien Bayou et Sandrine Rousseau, porte-parole nationaux. 

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