Le 19éme prix Tournesol, récompensant la BD la plus écologiste de l’année, a été décerné vendredi 30 janvier en « off » du Festival BD d’Angoulême. Il est revenu au manwha coréen »Le parfum des hommes » de Kim Su-bak, édité par l’éditeur indépendant suisse Atrabile.
Le jury, présidé par la Secrétaire nationale d’EELV, Emmanuelle Cosse, a choisi ce livre après un large débat, où »Lip », de Laurent Galandon et Damien Vidal (Dargaud) a longtemps fait figure de favori.
Ce prix, organisé sous la houeltte de EELV est décerné chaque année par un jury différent, composé d’écologistes, de journalistes et d’artistes de trois pays francophones.
»Le parfum des hommes » raconte une histoire authentique où l’on montre la multinationale Samsung dans ses pires agissements en Corée. L’héroïne Yumi est une ouvrière qui travaille dans les semi-conducteurs, mais ses conditions de travail, lamentables, la rendent vite leucémique, car exposée sans protection à des matériaux hautement toxiques. La firme nie évidemment toute responsabilité et tout le monde se défile, politiques, administratifs, médias : nul ne veut se mettre à dos une firme aussi puissante. Le père de Yumi, Hwang Sang-ki, va enquêter, prétexte pour Kim Su-bak de dresser un dossier implacable et universel sur la maltraitance ouvrière et le cynisme des grandes entreprises.
Le taux de maladies graves dans cette usine est très élevé, dans l’indifférence générale, mais l’auteur et son personnage dévoilent au passage les malversations financières, les spéculations et les magouilles de la firme, certes parfaitement nommée, mais représentative de toutes les grandes multinationales. Ce combat se termine par des éléments de victoire propres à développer l’espoir, mais les ripostes des grands vampires de l’industrie sont sans fin.
Inconnue en France, cette affaire exemplaire pourrait se raconter en changeant le nom de la firme ou d’activité, dans tous les pays du monde. En ce sens, Kim Su-bak a réalisé un album magistral, combinant une information sans faille et une narration soutenue. Son dessin, en noir et blanc, est très efficace et inclut parfois la photo, pour rendre plus palpable l’authenticité de l’affaire.
Kim s’était fait connaître en France par un précédent album, »Quitter la ville » (2009), déjà ancré dans la réalité des ouvriers du bâtiment.
Yves Frémion, secrétaire du Prix Tournesol
Emmanuelle Cosse, présidente du jury du prix Tournesol