Edouard Philippe, ancien lobbyiste d’AREVA, tient à la centrale à charbon du Havre comme à ses premiers boutons de manchettes et la prunelle de ses yeux. Il est prêt à tout pour justifier la prolongation du fonctionnement de cette centrale d’EDF, qu’il soutient toujours officiellement depuis le conseil municipal.
En juillet dernier, la ville du Havre décide de confier l’extension et la gestion de son réseau de chauffage urbain à un nouveau délégataire, Dalkia, une filiale d’EDF. Son projet contesté par les écologistes consiste à récupérer la chaleur de la vapeur d’eau émise par la centrale à charbon d’EDF afin de l’injecter dans le réseau de chauffage de la ville. La mise en place de cette installation est une opération qui nécessite de lourds investissements.
Cette centrale est l’une des principales sources d’émission de gaz à effet de serre sur le territoire national. En 2015, en pleine ville, elle a rejeté 6 tonnes de fluor, 37 tonnes de chlore, 1570 tonnes d’oxyde de soufre, 769 tonnes d’oxyde d’azote. Elle a été construite en 1959, elle doit fermer avant 2023. Pour les écologistes, il est complétement ahurissant d’investir des millions pour un site qui va fermer dans quelques années. C’est une manière grossière de justifier la prolongation de l’activité de la centrale à charbon.
Quand la DSP votée en juillet est cassée par le tribunal administratif en août, le premier ministre ne désarme pas et demande au nouveau maire de passer en force. La ville du Havre ne relance pas une nouvelle procédure, elle fait appel devant le conseil d’État et surtout elle décide de reprendre en régie directe son réseau de chauffage urbain – mais sans avoir les moyens de le faire fonctionner. L’hiver approchant et devant l’impossibilité de chauffer ses habitants, la ville du Havre va bientôt se déclarer en situation d’urgence, ce qui l’autorise légalement à confier temporairement une délégation sans passer par les procédures régulières d’appels d’offre. La solution la plus logique serait de prolonger l’ancien délégataire dans l’attente du jugement du conseil d’État. Mais non. Lundi prochain, lors de son conseil municipal, après avoir elle-même organisé la situation d’urgence dans laquelle elle se trouve, la ville du Havre va confier une DSP provisoire à… une autre filiale d’EDF ! Une manière assumée de mettre la justice devant le fait accompli.
Pour les écologistes, en privilégiant la filière charbon afin d’alimenter l’extension de son réseau de chauffage urbain, la ville du premier ministre piétine les engagements climatiques internationaux de la France. Chauffer ses habitant-e-s au charbon : à l’heure des accords de Paris, cette décision est aberrante. Elle trahit la parole du président Macron et va à l’encontre des préconisations du ministre Nicolas Hulot.
Julien Bayou et Sandra Regol, porte-parole nationaux