Le gouvernement déclare lutter contre la pollution. Pourquoi sacrifie-t-il alors la mobilité durable en France ?
> Tribune d’Eva Sas, députée EELV, publiée dans Libération le 14 mars 2014
Le gouvernement s’alarme (enfin) de la pollution aux particules qui touche aujourd’hui la plupart des régions françaises. Philippe Martin, ministre de l’Ecologie, annonce la gratuité des transports en Ile-de-France, et déclare faire de la qualité de l’air une priorité du gouvernement. Comment expliquer alors qu’un coup d’arrêt ait été mis au soutien de l’Etat à la mobilité durable en France ?
Depuis 2009, une dynamique était enclenchée, puisque l’Etat avait consacré 1,4 milliard d’euros au cofinancement de 128 projets de transports collectifs au travers des deux premiers appels à projets lancés en 2009 et 2011. Et pourtant, le mois dernier, l’agence de financement des infrastructures de transport a annoncé qu’elle ne financerait pas le troisième appel à projet de transports collectifs qui devait pourtant être lancé cette année.
FINANCEMENT DES PROJETS REPORTÉ SINE DIE
Concrètement, ce sont des dizaines de tramways, de tram-trains, de bus à haut niveau de service qui ne pourront être réalisés ou seront largement retardés. Cent dix-sept projets allant du métro au bus à haut niveau de service en passant par la navette fluviale ou le téléphérique avaient été déposés en septembre 2013 dans le cadre de ce troisième appel à projets. Le ministère des Transports devait annoncer en décembre les dossiers sélectionnés, qu’il aurait cofinancés à hauteur de 450 millions d’euros. Las ! Le financement de ces projets est reporté sine die, victime du recul du gouvernement sur la taxe poids lourds, et de la priorité donnée à la réduction des dépenses publiques.
Faut-il rappeler également qu’au 1er janvier, la TVA sur les transports collectifs est passée de 7 à 10 % ? Que le diesel continue à bénéficier d’un avantage fiscal de 17 centimes par litre, et que la convergence avec l’essence n’est prévue qu’à hauteur de 1 centime en 2016 ? Que même l’introduction d’un malus sur les émissions de particules à l’achat de véhicules a été refusée, malgré les demandes répétées des élus écologistes ?
UNE PLANÈTE VIVABLE
Alors la qualité de l’air est-elle réellement une priorité pour l’Etat ? Visiblement moins que la réduction des déficits, qui ne permet plus de dégager les marges de manœuvre nécessaires au financement des transports collectifs. Visiblement moins aussi que le soutien à la vente de véhicules diesel français, qui paralyse toute avancée sur le sujet malgré les conséquences avérées sur la santé de chacun d’entre nous des particules fines émises par cette motorisation.
Nous partageons, nous élus, locaux et nationaux, une responsabilité : celle de laisser à nos enfants une planète vivable et un environnement sain. Soyons à la hauteur de ce projet nécessaire et utile, et mobilisons-nous réellement pour que nos concitoyens puissent mieux vivre et mieux respirer en ville.