Article publié par le journal La Croix, le 2 septembre 2013
« À travers une série de mesures, dont la suppression de la semaine de quatre jours ou l’ouverture des écoles supérieures du professorat et de l’éducation (Espé), le ministre de l’éducation Vincent Peillon affiche l’ambition de « refonder l’École de la République ».
La Croix. Qu’est ce qui dans cette loi va dans le sens d’une véritable refondation de l’école ?
Philippe Meirieu : « On voit dans cette réforme une réaffirmation des valeurs républicaines de l’école. C’est important après un moment où on a pu douter de cette ambition, quand un tournant libéral a été pris sous des gouvernements précédents. Je pense à l’assouplissement de la carte scolaire, voulu par Nicolas Sarkozy. Le ministre de l’éducation durcit à nouveau la carte scolaire, ce qui est une mesure plus républicaine. Dans cette loi, la finalité de l’école est clairement affichée : elle insiste sur la formation à la citoyenneté, à la solidarité, à travers un enseignement moral et laïque. »
L’une des mesures phares de cette rentrée est la réforme des rythmes scolaires. Vous semble-t-elle bénéfique pour les enfants ?
P.M. : « L’idée d’alléger la journée d’école pour permettre à l’enfant de pratiquer des activités sportives et culturelles me semble bonne. Mais le risque est d’introduire des inégalités territoriales. Les activités périscolaires prévues après les heures d’école sont à la charge des municipalités. Quid des municipalités rurales isolées, quid des villes qui ont peu de tissu associatif pour gérer les activités des enfants ? L’offre ne sera pas la même pour tous les écoliers. Pour l’instant, seuls 22 % des classes expérimentent ce dispositif. Je souhaite qu’un véritable bilan soit fait après le 1er trimestre afin de corriger les inégalités si elles sont constatées. »