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La compétitivité : le saint Graal de toute politique de croissance

Améliorer la compétitivité est donc devenu aussi une priorité de ce nouveau gouvernement. Après Nicolas Sarkozy qui en a fait la pierre angulaire de toute politique (y compris au sujet des services publics !) nous n’attendions pas la gauche sur ce combat-là… et pourtant. Et pourtant, voici vingt ans que les politiques d’amélioration de la compétitivité sont menées en France par la gauche aussi bien que par la droite et, à chaque fois, elles portent sur la diminution du coût du travail comme saint Graal de toute politique de relance. Et nous, écologistes, regardons ceci avec une certaine circonspection.

A y regarder de plus près cependant, les politiques de gauche et celles de droite ne se ressemblent pas tout à fait. Sur deux points au moins elles se distinguent :

La première est la cible de cette réduction du coût du travail. Quels salaires sont visés ? Et derrière, quelle population cela implique-t-il ? Les politiques de droite, inlassablement depuis vingt ans, s’acharnent à diminuer le coût des bas salaires. La gauche, elle, cible davantage les salaires moyens et supérieurs. Cette distinction est loin d’être neutre parce que d’un côté, à droite, cela crée un encouragement constant à développer le travail précaire et peu rémunéré. De l’autre, à gauche, cela permet de pousser l’échelle des salaires vers le haut en diminuant la charge pour les entreprises sur ces salaires.

 

La seconde différence porte sur la compensation de ces aides accordées aux entreprises. A droite, c’est en général sur la TVA que l’on rattrape la baisse des charges patronales. A gauche, c’est la CSG qui sert de support. Or, la CSG est nettement moins inégalitaire que la TVA. La CSG porte sur les revenus, tous les revenus. La TVA porte, quant à elle, sur la consommation… et nous ne sommes pas tous égaux devant la consommation. Certains ont les moyens d’épargner, les hauts revenus épargnent même beaucoup. Les taxes sur la consommation pèsent donc moins sur eux que sur les bas revenus.

 

La politique de diminution des cotisations patronales est donc bien plus égalitaire lorsqu’elle est menée par la gauche que lorsqu’elle est menée par la droite.

 

Plus égalitaire, c’est bien, mais cela ne suffit pas à en faire une politique écologiste. Alors que faudrait-il pour en faire un levier de transformation écologiste de la société ? Pas grand-chose en réalité : créer une substitution entre diminution des cotisations patronales et fiscalité environnementale sur les entreprises. Ni TVA donc ni CSG, mais la création d’un impôt sur les sociétés écologistes, sur les émissions de carbone par exemple. Et ainsi nous aurions un double effet : diminution du coût du travail et incitation forte à des comportements moins polluants pour les entreprises.

 

Reste qu’il existe d’autres moyens d’augmenter la compétitivité des entreprises. Il est difficile pour un pays comme le nôtre de diminuer le coût du travail suffisamment pour gagner en compétitivité sur les marchés internationaux mieux vaut donc miser sur l’innovation et la recherche, la diminution des charges comme celles sur l’énergie et surtout, surtout, revoir en profondeur les processus de production : moins dépendre du pétrole, développer les circuits courts… C’est le plus sûr moyen de renforcer notre tissu économique.

 

Sandrine Rousseau

(en charge du Programme et des Journées d’été)

3 réflexions au sujet de “La compétitivité : le saint Graal de toute politique de croissance

  1. Il faut préciser que nous sommes tout à fait compétitifs, en tant que nation et qu’individus. Nous avons un système politique stable, et des infrastructures efficaces. Vu le coût du transport, il faut une sacrée différence de compétitivité pour produire si loin. La monnaie peut être l’une des causes d’un manque de compétitivité du pays, de même que la protection sociale, l’exigence de normes ‘strictes’…
    Faut-il que les bas salaires se sacrifient parce qu’on ne veut pas, ou qu’on n’est pas capable, d’agir sur les autres leviers? Quand on compare la compétitivité entre pays, pense-t-on à comparer aussi le coût de la vie, du logement?
    Quand aux comptes de l’état, sont-ils plombés par des fonctionnaires prétendus fainéants et incapables, ou plutôt par des transferts à certaines catégories de profession, notamment les propriétaires via les APL, ou l’industrie médicamenteuse, via la sécurité sociale, ou encore l’industrie de l’armement, via la défense?

    Bref, le débat peut être très riche…

  2. Très bien vu JC, le débat peut effectivement être très riche.
    j’observe aussi que pour accéder aux économies d’énergie ou à des productions d’électricité solaire ou éolienne, il faut avant tout pouvoir le financer: ce qui pour le plus grand nombre n’est pas possible. Or si des millions de foyers pouvaient rapidement bénéficier de ces nouvelles technologies (économie d’énergie et production d’énergie) il y aurait sans doute des millions de KW d’économisés rapidement.
    On parle aussi beaucoup du solaire, mais l’air comprimé serait également une ressource facile à produire et à exploité (véhicules et autres motorisation)
    Bref comme le dit JC, le débat peut être très riche, mais aussi très instructif

  3. Nous pourrions aussi préciser que la compétitivité d’une offre s’apprécie en fonction de l’adéquation de l’offre en question avec la demande et de la présence ou non d’offre concurrente.
    La presse économique ne cesse de relayer des analyses d’économistes ou de dirigeants d’entreprises fustigeant le positionnement moyenne gamme de l’industrie française avec environnement concurrentiel très difficile à l’international.Ces analyses indiquent effectivement que le coût du travail n’est pas la priorité. Les compétences, les coûts transactionnels, la simplification administrative, l’instabilité réglementaire, les règles de concurrence international, la qualité des infrastructure, la sécurité juridique, la fiscalité sont autant de thèmes à saisir faire des propositions et améliorer la compétitivité des entreprises.
    Vous signalez aussi d’autres leviers d’action pour améliorer la compétitivité tel que l’innovation ou encore les coûts de l’énergie. Or sur ces sujets, une partie des élites françaises est très conservatrice tant au regard du brassage culturel (cloisonnement des corps et filière de recrutement limité) nécessaire à l’émulsion de l’innovation qu’en matière de politique énergétique étatiste axé sur le socle nucléaire.
    On pourrait aussi infléchir les débats quant à une approche coût niant la qualité du travail tant pour les opérateurs que pour les dirigeants.
    Une politique écologiste en matière économique et industriel doit bousculer les positions traditionnelles qui cumulent les échecs et une certaine inertie des acteurs économiques et sociaux.

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