Communiqué de presse 28 avril 2011
Zyed Benna et Bouna Traoré sont morts électrocutés dans un transformateur EDF à Clichy-sous-Bois, le 27 octobre 2005, après une course-poursuite par des policiers. Ce drame est à l’origine de soulèvements qui ont donné au monde entier l’image d’une France à feu et à sang, bien loin de la patrie des Droits de l’Homme qu’elle s’enorgueillit d’incarner.
Deux policiers, poursuivis pour non assistance à personne en danger, ont cette semaine bénéficié en appel d’un non-lieu qui fera l’objet, de la part des familles des deux adolescents, d’un pourvoi en cassation.
Les circonstances de la mort de ces deux jeunes, âgés de 17 et 15 ans, n’ayant commis aucun délit et désarmés, ne sont pas élucidées. La chaîne de responsabilités qui a conduit à ce drame et à ses conséquences n’a pas été remontée. Cela empêche, d’une part, les familles de comprendre ce qui s’est passé et les maintient dans une douleur, voire une colère, profonde mais, d’autre part, cela jette, cinq ans après les faits, une lumière ténébreuse sur l’état de notre société.
Au-delà des questions de procédure, cet horrible « fait de société » et les émeutes qui l’ont suivi sont emblématiques d’une société cassée où la défiance règne entre les jeunes des quartiers populaires et les forces de l’ordre, plus encore aujourd’hui qu’à l’automne 2005. Les policiers et les gendarmes, dans leur immense majorité, essaient de travailler dans des conditions toujours plus difficiles et dans un environnement en dégradation. Ce sont les résultats désastreux de la politique du chiffre imposée par les ministres de l’Intérieur successifs depuis 2002 autant que de la politique de casse sociale que connaît notre pays depuis bientôt 10 ans.
Cette sinistre histoire est celle d’un pays où la sûreté l’emporte sur la sécurité, plus encore aujourd’hui qu’à l’automne 2005, les policiers et les gendarmes étant de plus en plus considérés comme les bras armés du pouvoir, celui-ci entretenant complaisamment la confusion. La fracture sociale n’a fait que se creuser en même temps que la dimension purement répressive de la politique sécuritaire s’affirmait et que nos dirigeants stigmatisaient toujours davantage des catégories de population : les jeunes, les habitants des quartiers populaires, les immigrés et leurs enfants et aujourd’hui les musulmans. La cohésion sociale se délite et, depuis 2002, la droite en est directement responsable.
Le pathétique affrontement judiciaire et personnel entre Villepin et Sarkozy ne saurait faire oublier qu’en 2005, ils étaient complices dans le cynisme : l’un a décrété l’état d’urgence, soufflant sur les braises, tandis que l’autre, ministre de l’Intérieur, jouait les pyromanes en excitant la haine contre les jeunes issus de l’immigration. Plutôt que de s’affronter dans les prétoires, ils devraient comparaître dans le même boxe et répondre de leur rôle politique dans la mort de deux gamins de 15 et 17 ans et l’éclatement de la colère d’une partie de notre jeunesse.
Djamila Sonzogni Porte-parole