Quels que soient les résultats des élections législatives qui se sont déroulées au Gabon samedi 17 décembre, celles-ci constituent un véritable camouflet pour le pouvoir gabonais, puisque les Gabonais ont très majoritairement choisi, suivant en cela les consignes de l’opposition, de ne pas aller voter et ce, malgré les incitations financières dont ils ont parfois fait l’objet.
Un tel désaveu devrait inciter le gouvernement français à réviser à la baisse ses relations avec le président Ali Bongo, qui poursuit la kleptocratie de son père Omar, en y ajoutant un volet répressif accru
Charges meurtrières lors des manifestations populaires de Port-Gentil en septembre 2009, entraves à la liberté de la presse, réduction des libertés syndicales, renforcement des effectifs policiers et militaires, pressions juridiques contre celles et ceux qui qualifient le régime de « dictatorial » comme le député européen Yannick Jadot à qui EELV apporte tout son soutien, tel est le quotidien du peuple gabonais.
Le peuple gabonais vient de montrer de manière pacifique, cohérente et manifeste qu’il ne supporte plus ce gouvernement et qu’à l’instar du vent de liberté qui a soufflé sur les pays arabes, il aspire à la démocratie, ce que le mouvement « Ca suffit comme ça ! » réunissant opposition et société civile, a symbolisé lors de sa campagne de boycott des élections.
De nouvelles relations sont possibles avec le Gabon.
Elles passent par l’abandon de la logique d’exploitation et de « chasse gardée » qui a valu à ce pays d’un million et demi d’habitants, d’être l’une des principales sources d’approvisionnement en uranium, en pétrole et en bois de l’économie française au cours des dernières décennies.
Elles passent par un démantèlement de la base militaire française la plus importante sur la façade atlantique de l’Afrique avec un contingent permanent de 800 militaires et plusieurs composantes aériennes.
Elles passent par la dépollution des sites naturels gabonais stérilisés pour des décennies par l’exploitation de groupes miniers français, tels Eramet ou Areva, et par des procédures judiciaires afin qu’une justice indépendante puisse se pencher sur des pratiques qui s’apparentent à de véritables crimes environnementaux et permette le dédommagement des populations concernées.
Elles passent enfin par l’établissement d’un dialogue approfondi avec d’autres interlocuteurs que ceux qui ont nourri un invraisemblable système de corruption politique depuis près d’un demi-siècle dans les deux pays.