Le deuxième forum des think tanks s’est tenu à Paris le 19 novembre. Il réunissait une trentaine d’organisations de familles politiques différentes ( Fondapol, fondation Jean jaures, fondation Gabriel Peri, Terra Nova, Europanova…).
La table ronde dans laquelle je suis intervenue pour Europe Ecologie – Les Verts s’intitulait « gouverner dans un monde incertain ». A cette table ronde débattaient également le cercle des Economistes, la fondation Jean Jaures et l’atelier de la République.
J’ai porté le message suivant. Les incertitudes du monde dans lequel nous vivons nous étreignent et nous interpellent. Trois questions se posent:
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le monde sera t il pire ou meilleur pour les générations à venir. Qu’est ce que le progrès aujourd’hui? Comment définir le progrès autour des enjeux de l’écologie et du mieux être humain?
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quel lien entre la gouvernance du monde et celle de la Nation? L’Europe est-elle une échelle pertinente?
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comment changer les valeurs de la gouvernance mondiale autour de la question démocratique et des biens communs?
Nous percevons bien qu’autour de la succession des crises internationales émergent deux tendances de pensée et d’action politique. Une tendance a l’accompagnement, et une tendance a laquelle appartient l’écologie politique, celle de la redéfinition des règles du jeu et de la transformation du monde.
Tout d’abord, nous faisons le constat de tensions fortes autour de la question démocratique entre les déterminants de la souveraineté nationale et les réalités économiques et de gouvernance de la mondialisation
La démocratie reste encore largement construite dans le cadre national. Va-t-elle devenir une démocratie de l’impuissance?
Cette crainte – que je pense fondée dans l’état actuel du monde – explique naturellement le succès d’un terme comme » démondialisation », les débats autour des délocalisations.
Nous devons en tirer une conséquence : celle qu’il faut changer les règles du jeu mondial. Les notions de solidarité, de redistribution, de projet commun doivent être prépondérantes sur les règles de la libre concurrence et du court termisme financier.
Nous faisons le constat de tensions entre expertise et place des débats publics dans le processus politique
La crise a aussi pour conséquence la nomination de gouvernements d’experts (Italie, Grèce). Cette situation se produit dans des démocraties qui sont déjà dans une forme « d’anesthésie ». La complexité a été une excuse pour ne pas débattre . On se rappelle des débats autour de l’approbation du projet de traité constitutionnel européen. Ils aboutissent au « non » après une mobilisation intense et passionnée. Avec un sentiment de rattrapage par rapport à un débat longtemps interdit. Le nucléaire relève de tabous encore plus forts. Les polémiques autour de sa sortie indiquent combien ce débat recouvre une redistribution importante des rapports de forces économiques et politiques (intervention d’Areva).
Ensuite, nous faisons les constat qu’il nous faut prendre des décisions politiques d’envergure de façon urgente
Au moment de la crise de 2008 les liens entre crise financière, crise économique et sociale, crise démocratique et écologique avaient été débattus et soulignés. En 2009 Europe écologie – Les Verts avait fait campagne sur la « conversion écologique de l’économie ». Aujourd’hui la crise qui revient plus gravement c’est aussi le constat d’une inhibition réelle d’une pensée alternative. Pourtant l’attente d’un projet de pensée du monde est forte. Mais pour être crédible ce projet doit s’accompagner d’un mode d’emploi, de garanties sur un passage à l’acte politique et économique. Car ce qui est en cause c’est bien une transformation du réel.
En conclusion, revenons sur le fameux modèle français et les conditions de la puissance eu niveau international. Nous, écologistes, proposons à ce modèle français une nouvelle frontière : porter les enjeux de la « social écologie » selon les termes d’Eloi Laurent au sein de la gouvernance mondiale.