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Interdire les « credit default swap non couverts » : c’est bien mais ça veut dire quoi ?

« C’est la première fois que l’Europe interdit une innovation financière et va à l’encontre des intérêts des marchés », se réjouit Pascal Canfin, rapporteur du texte adopté ce mardi 15 novembre 2011 par le Parlement européen. Pour les écologistes, un grand pas démocratique vient d’être fait dans la bataille pour remettre de l’ordre et redonner un peu de sens au monde de la finance. Mais encore faut-il comprendre de quoi on parle ! Lexique.

D’ici un an, les fameux « credit default swap » (CDS) seront interdits en Europe. Pas tous : seulement ceux qui sont « à nu » ou « non couverts ». Les CDS ? Ce sont des outils financiers qui permettent de s’assurer contre le risque de faillite d’un Etat ou d’une entreprise… Mais alors que dans le monde réel, il n’est possible d’assurer que ce que l’on possède, dans le monde de la finance vous pouvez vous assurer sur la maison du voisin. Les CDS se sont donc rapidement transformés en un moyen de parier sur la faillite des pays pour les fonds spéculatifs (qu’on appelle aussi les « hedge funds ») qui pourtant ne possèdent aucune obligation de cet état. C’est cette pratique des CDS « non couverts » à laquelle le Parlement vient de mettre un coup d’arrêt cette semaine à Strasbourg.


Contre la spéculation sur les dettes des Etats
L’accord qui a été trouvé en co-décision avec le Conseil européen, qui réunit les Etats-membres, et la Commission européenne, l’exécutif, est une grande victoire pour le Parlement. Si l’Allemagne et l’Autriche par exemple ont toujours soutenu cette ligne, ce n’était pas le cas pour de nombreux pays qui s’opposaient à toute restriction sur les CDS. Si certains Etats comme le Royaume-Uni était idéologiquement contre, la pression des marchés avait aussi poussé certains pays comme l’Italie et Espagne, qui traversent une situation de tension sur leurs dettes souveraines, a refusé toute mesure qui risquerait de perturber le financement de leur dette.

Afin de répondre aux craintes de ces pays, le Parlement a accepté dans le compromis final d’introduire une possibilité d’« opt out » qui est ni plus ni moins une « issue de secours » si cette interdiction venait à perturber le financement de ces pays. Pour autant, concrètement ré-autoriser les CDS non couverts ne sera pas une mince affaire pour un pays. Abandonner symboliquement le contrôle de l’Etat et laisser les marchés financiers agir à leur guise ne fait pas recette dans l’opinion publique qui, en s’appropriant ce débat, pourrait s’y opposer. D’autre part, surtout en temps de crise, ré-autoriser ce produit financier spéculatif ne servirait à rien et ne ferait qu’augmenter les difficultés d’un pays… Mais le rapport de force politique a ses raisons qui s’éloignent parfois du bon sens.

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