La révolte des gilets jaunes ne repose pas seulement sur le coût des carburants mais est l’expression des frustrations accumulées et du sentiment de déclassement d’une grande partie de la population. Si le gouvernement n’est pas seul responsable de 40 ans de politiques destructrices, il a allumé la mèche de la révolte par le mépris qu’il affiche pour les classes populaires et l’injustice de la politique menée. En ne taxant que les ménages, en faisant porter la charge la plus forte sur les moins privilégiés, le gouvernement a opposé écologie et justice sociale. C’est une faute lourde dont les écologistes dénoncent la dangerosité depuis son annonce.
Les propositions d’Edouard Phillipe ne sont pas de nature à sortir de l’impasse dans laquelle la cécité du gouvernement a plongé le pays. Ce n’est pas en tournant le dos à l’écologie qu’on sortira de la crise politique que nous vivons. Il ne faut pas reculer sur l’écologie, mais avancer sur la justice sociale. L’heure n’est plus aux pansements sur des jambes de bois. Il faut engager le changement de modèle dont notre pays a besoin.
Le moratoire ne changera rien à la révolte tant que la question de la justice sociale ne sera pas au cœur des décisions d’un gouvernement qui ne l’a jamais prise en compte.
L’écologie ne doit pas devenir la victime expiatoire des mauvais choix de ce gouvernement. C’est au contraire un outil pour lutter contre la fracture territoriale et les inégalités sociales.
A l’heure où les lycéens se mobilisent pour défendre leur avenir, on voit bien que c’est un mouvement social d’ensemble qui réclame une autre politique. Le gouvernement a trop tardé et fait courir des risques à la cohésion de notre pays.
Si le gouvernement a entendu la proposition des écologistes et de certains syndicats d’adopter une méthode de dialogue pour un débat national qui sorte du dialogue entre le peuple et son roi, il semblerait qu’il n’ait pas encore compris la gravité de la crise environnementale et sociale. C’est un changement de modèle de société qu’il faut entamer. La question écologique et la question sociale sont les deux faces d’une même pièce : le gouvernement doit le comprendre, et faire preuve de cohérence et de constance.
Julien Bayou et Sandra Regol, porte-parole nationaux