Depuis deux mois les tunisiens déploient des prouesses de générosité, de disponibilité et de solidarité pour accueillir 250 000 migrants fuyant la Libye. Les responsables du HCR ne tarissent pas d’admiration et de remerciements devant les convois de vivres venus de toute la Tunisie, les accueils chez l’habitant, la coopération exemplaire des autorités tunisiennes, la régularisation à la frontière tunisienne du séjour de toute personne fuyant la guerre. Pendant ce temps, depuis plus de trois mois, les ministres italiens et français se livrent à un jeu de ping-pong indécent pour se renvoyer 20 000 tunisiens arrivés sur l’île de Lampedusa, M Guéant allant même jusqu’à évoquer la suspension des accords de Schengen la veille du sommet franco-tunisien ! Ces gesticulations médiatiques sont grotesques, elles nous font honte.
Mettre à mal la liberté de circulation dans l’espace Schengen, liberté au fondement du projet européen, est irresponsable. Y’aurait-il atteinte à la sécurité nationale en permettant à de jeunes tunisiens de visiter leur famille et amis, de travailler, de souffler après 23 ans de dictature? Au contraire tout ministre avisé et soucieux de l’avenir devrait y voir un acte de solidarité concrète à l’endroit du peuple tunisien, la promesse de relations renouvelées avec une Tunisie démocratique, et, sur le plan économique… une aubaine! Des milliers de jeunes formés et désireux de travailler ne peuvent que contribuer positivement à l’équilibre des finances publiques, et au développement des activités.
Les déclarations gouvernementales à répétition sur l’immigration heurtent nos sentiments fraternels, s’exonèrent de nos valeurs républicaines mais elles sont aussi un redoutable contre-sens économique!
A l’agenda du sommet franco-italien, nous demandons que les autorités des deux pays:
• Déclarent un moratoire immédiat sur les renvois de Tunisiens en Tunisie
• Accordent l’admission exceptionnelle au séjour des Tunisiens déjà
arrivés en France et en Italie
• Garantissent l’accès au territoire européen aux personnes en quête de protection et s’abstenir de toute mesure ou accord qui pourraient l’entraver
• Mettent en œuvre le dispositif permettant d’accorder la protection temporaire prévue par la directive du 20 juillet 2001 à toutes celles et ceux qui peuvent s’en prévaloir
• Accueillent, dans le cadre de la réinstallation, les réfugiés présents à la frontière tuniso-libyenne qui le souhaitent
• Offrent l’asile ou une protection à toutes les personnes qui ne peuvent être rapatriées du fait de la situation dans leur pays d’origine.
A court terme, il importe de mettre en place un programme européen d’aide et de coopération avec la Tunisie qui permette à ses ressortissants d’entrer régulièrement dans les Etats membres pour y travailler ou y faire des études.
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