En réaction aux frappes aériennes qui ont touché la ville de Khan Sheikhoun dans la Province d’Idlib, le 4 avril 2017, avec de nombreuses victimes présentant les symptômes d’un empoisonnement à des gaz toxiques prohibés internationalement, EELV exprime sa solidarité avec toutes les populations civiles meurtries par six ans de conflit et condamne fermement l’utilisation des armes chimiques interdites, elles constituent un crime de guerre. Leurs auteurs doivent être arrêtés et poursuivis pour violation du droit international, en premier chef Bachar el-Assad et son clan, dont les crimes avérés restent impunis depuis des décennies et qui ont déjà été condamnés pour des faits semblables par une enquête de l’ONU1. EELV se joint à la demande exprimée par Federica Mogherini, Haute Représentante pour l’Union Européenne, de poursuivre les efforts entamés par l’Organisation pour l’Interdiction des Armes Chimiques (OPCW), au travers du Mécanisme d’investigation conjointe OPCW-UN, afin que l’enquête sur l’usage des armes chimiques en Syrie soit menée à son terme.
EELV réitère ses demandes antérieures, notamment le respect immédiat du cessez-le-feu entre les belligérants, l’arrêt des bombardements contre les civils, l’ouverture de couloirs humanitaires pour protéger les populations civiles, ainsi que la réforme du Conseil de Sécurité, entravé régulièrement par le veto de l’un de ses 5 membres et, ici, par la politique du pire résultant du soutien inconditionnel de la Russie et de l’Iran à Bachar el-Assad.
Fragilisé par des problèmes de politiques internes, le Président Trump a ordonné dans la nuit du 6 au 7 avril 2017 des frappes aériennes sur la base de Shayrat en Syrie avec l’intention affichée de dissuader l’aviation syrienne de faire un nouvel usage de ces armes chimiques. Cette action surprenante lui vaut depuis quelques jours une large approbation dans la communauté internationale et les chancelleries européennes. Cependant, EELV condamne son caractère unilatéral. Le principe onusien de Responsabilité de Protéger ne peut être envisagé en dehors d’un cadre juridique multilatéral. Deux éléments qui font aujourd’hui défaut au Président Trump, dont les frappes relèvent d’une logique de coercition diplomatique.
EELV refuse par conséquent de donner un blanc-seing au Président Trump à un moment où les grandes puissances engagées en Syrie sont en train d’orchestrer son dépècement en zones d’influence. Seule une solution politique pourra assurer la paix et la stabilité en Syrie et dans la région. Les prochaines conférences sur l’avenir de la Syrie devront être interdites aux criminels de guerre et ouvertes à la société civile syrienne, notamment aux conseils locaux et provinciaux actifs dans les régions libérées par les soulèvement populaires en 2011, comme aux Kurdes. Elles devront également inclure les pays voisins ou impliqués dans ce conflit, que ce soit sur le plan humanitaire ou militaire.
EELV salue à ce titre les efforts du Parlement Européen pour maintenir la pression sur le clan d’Assad, efforts qui ont récemment conduit son président à bannir Ayman Soussan, Ministre des Affaires Étrangères Syrien, d’une conférence sur la Syrie organisée le 10 avril prochain par des députés proches d’Assad et Poutine. Le Parlement Européen et les opinions publiques européennes doivent maintenir la pression sur le Conseil Européen et sur la Haute Représentante pour que l’avenir de la Syrie soit démocratique et décidé par sa population.
EELV souligne que la Commission européenne et les États membres sont les plus grands contributeurs à l’effort humanitaire dans la région avec 9,4 milliards € affectés à l’aide humanitaire et au développement. En vue des pourparlers de paix, il est indispensable d’exiger que le versement de fonds européens destinés au développement et à la reconstruction de la Syrie soient conditionnés au départ des criminels de guerre qui sont responsables de la ruine de ce pays et de la déstabilisation de toute une région du monde. Les Européen.ne.s ne peuvent pas être les otages impuissants d’un régime sanguinaire et de son allié russe. Le moment est venu d’exercer une pression citoyenne de grande ampleur sur les dirigeants européens pour que nos impôts ne financent pas demain l’avenir politique d’Assad et de tous les bourreaux du peuple syrien.
Julien BAYOU, Sandra REGOL, porte-parole nationaux
1La Russie ayant refusé de voter les sanctions « pour ne pas gêner les négociations en cours mais sans nier les résultats de cette enquête »