Au lendemain de la plus grande marche contre les violences faites aux femmes qui ait jamais eu lieu en France, les annonces du gouvernement à l’issue du Grenelle des violences conjugales sont, sans surprise, globalement décevantes. Europe Écologie Les Verts accuse le gouvernement de proposer de fausses pistes pour masquer son inaction.
Bien qu’il reconnaisse par les mots la gravité des violences faites aux femmes, le gouvernement, fidèle à lui-même, tente de camoufler la faiblesse de ses propositions derrière quelques effets d’annonce.
La levée du secret médical ? Elle est déjà obligatoire en cas de danger. La formation des enseignants ? Elle est déjà censée être en place depuis 10 ans. L’interdiction de la médiation familiale en cas de violences ? Elle figure déjà dans la Convention d’Istanbul ratifiée par la France depuis 2014. Pour remédier aux dysfonctionnements de la chaîne pénale mis en évidence par le récent rapport de l’Inspection Générale de la Justice, il faut faire connaître ces dispositifs, les appliquer enfin et donc déployer des moyens massifs pour former les professionnels de la police, de la santé et de la justice. Or, ces moyens font toujours criminellement défaut.
Certes, quelques mesures vont dans le bon sens, comme la création de deux centres spécialisés par région pour prendre en charge les auteurs de violences. Mais lorsque Édouard Philippe affirme que les conditions sont réunies pour qu’il y ait des résultats alors que les mesures politiques se font à budget constant, il est à côté de son sujet. D’ailleurs, le Conseil de l’Europe vient récemment d’épingler la France pour la faiblesse des moyens qu’elle consacre à la lutte contre les violences faites aux femmes, notamment s’agissant de la formation des policier-es et magistrat-es.
Europe Écologie Les Verts met également en garde sur le risque d’ajouter de la défiance vis-à-vis de la Justice avec la mise en place d’une nouvelle législation sans moyens pour l’appliquer. Les écologistes suivront avec attention la réforme pénale annoncée. En effet, si la suppression de l’obligation pour les enfants de subvenir aux besoins des pères violents est essentielle, la redéfinition des violences, avec l’inclusion de l’emprise ou des circonstances aggravantes du suicide forcé ne doit pas se retourner contre les victimes.
Enfin, Europe Écologie Les Verts s’indigne de la proposition faite par la Ministre du Travail de faciliter le déblocage de l’épargne salariale pour les victimes, qui revient à leur faire porter la responsabilité de la résolution de leur situation.
Au final, le Grenelle aura surtout servi au gouvernement à gagner du temps. Or, chaque jour qui passe ou presque une femme meurt sous les coups de son conjoint ou de son ex. Chaque perte de temps se paye en vies brisées des familles et en vies perdues des victimes. Combien vaut la vie d’une femme pour ce gouvernement ? Peu, apparemment.
Ce cynisme est inacceptable.