Puisqu’il lui est difficile de contrôler ses côtes et sa frontière de 130 km avec la Turquie, la Grèce subit de plus en plus de pressions des autorités européennes pour contrôler ses flux migratoires.
Selon les autorités grecques, près de 90 % des immigrés clandestins dans l’Union européenne (UE) entrent par la Grèce, fuyant les conflits et la pauvreté au Moyen-Orient et en Afrique. Pour éviter que leur pays ne soit éjecté de l’espace Schengen de libre circulation, la Grèce a décidé d’accélérer la construction de centres d’asile… mais ceux-ci ressemblent davantage à des prisons.
Et si les demandeurs d’asile ne devraient pas être traités comme des prisonniers, « la France et l’Espagne ne se sont pas gênées pour construire des installations similaires » selon Athènes.
Les tribunaux de plusieurs autres Etats membres de l’Union ont dors et déjà statué que la Grèce ne respecte pas les normes minimales sur le traitement des demandeurs d’asile… aussi, les immigrés clandestins qui arrivent dans ces pays ne peuvent pas être renvoyés en Grèce, leur point d’entrée, comme ce devrait être le cas conformément au droit européen.
Au nom des Verts-ALE, la députée Hélène Flautre, membre de la commission Libertés publiques, justice et affaires intérieures, s’est exprimée :
» Ce n’est pas la première fois que l’on parle du sujet. Je crois que tous les organes, la Cour de Justice de l’UE, la Cour Européenne des Droits de l’Homme, l’agence des Droits fondamentaux, les organisations de la société civile, tout le monde à un moment donné a sonné l’alarme. D’ailleurs cette alarme a été entendue par la Commission européenne.
La Grèce a depuis lancé un plan national sur l’asile et l’immigration. Mais on doit bien considérer qu’aujourd’hui que
la situation dans les centres de détention, et j’en ai visité en Grèce, reste une insulte à la dignité humaine
depuis le début de l’année plusieurs dizaines de personnes sont mortes à la frontière gréco-turque en essayant de traverser la frontière Evros
des ONGs, dans le contexte de crise, constatent la montée fulgurante des agressions racistes… Elles les comptabilisent pour le dernier semestre 2011, à Athènes et Patras, à 63 cas, dont 18 émanant de policiers. »
Mme Flautre poursuit :
« Il est clair que, dans le contexte pré-électoral qui se déroule aujourd’hui en Grèce, on entend des propositions saugrenues et une surenchère de politiques que l’on peut qualifier anti immigrées, extrêmement xénophobes. Il y a la construction de centres de détention, mais il y a surtout cette proposition pour parquer les migrants et les demandeurs d’asile, qui seraient soupçonnées d’être malades. On entend aussi des responsables du pays qualifier de bombe pour la société et pour la sécurité du pays la question des migrants.
Face à cela, l’Union Européenne doit répondre avec ses valeurs, ses instruments et son principe de coopération et de solidarité.
Il faut dire aux Etats membres que menacer la Grèce de sortir de l’espace Schengen est une proposition absolument scandaleuse… surtout quand dans le même temps les Etats membres regrettent ouvertement que la Cour les empêchent eux, de renvoyer, au titre de Dublin, les demandeurs d’asile en Grèce.
Donc vraiment cette lâcheté et cette hypocrisie de la part des Etats de l‘UE sont insupportables. La Commission européenne a une grande responsabilité à cet égard pour garantir nos principes fondamentaux.
Je crois aussi que, avec la Turquie, il faut essayer de regarder les choses en place. La Turquie sur l’accord de réadmission communautaire, demande l’égalité de traitement. Or là nous sommes dans le double standard absolu, puisqu’il n’y a pas de perspective de dialogue de libéralisation de visa avec la Turquie et que la Turquie, en ce moment même, accueille des milliers de réfugiés par jour, à sa frontière syrienne.
Il faut arrêter de s’envoyer la balle d’un pays à un autre et assumer solidairement cette responsabilité fondamentale. »