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Genève : quels espoirs pour un accord à Paris ?

Pour préparer la conférence de Paris-Le Bourget (COP 21), plusieurs sessions de négociations vont être organisées d’ici décembre. La première vient d’avoir lieu à Genève, du 6 au 13 février. Cette réunion a permis que l’ensemble des pays s’accorde sur un texte officiel contenant l’ensemble des leurs avis et préoccupations. Elle marque un premier pas vers Paris, après la conférence organisée à Lima de décembre dernier.

Le processus est complexe. Les procédures de l’ONU imposent qu’un texte soit diffusé aux 195 pays, 6 mois avant la COP, au plus tard fin mai. C’est sur ce texte que les négociateurs ont planché cette semaine. La semaine a été rude : chaque partie a ajouté ses petits bouts de texte et ses propres idées à chaque section du texte global, ce qui a multiplié le nombre d’options pour chaque article, souvent d’ailleurs incompatibles les unes avec les autres. Le texte, qui faisait « seulement » une trentaine de pages en début de semaine atteint presque les 90 pages dans sa version actuelle. Il est disponible – en anglais.

Dans le nouveau régime qui semble se dessiner pour la période post-2020 (et pour remplacer le protocole de Kyoto), pour la première fois, tous les pays vont contribuer à l’effort contre le dérèglement climatique. A Lima, les Etats ont réaffirmé qu’ils allaient publier au cours de l’année leurs « contributions nationales», qui décriront les efforts auxquels ils s’engagent. Les pays émergents, comme la Chine ou le Brésil par exemple, vont donc également présenter leurs efforts.

C’est un renversement par rapport au modèle dans lequel on se « partageait le fardeau » et où on répartissait les réductions d’émissions entre pays développés. Ce nouveau système offre plus de flexibilité puisque chaque pays détermine ses propres actions et objectifs. Pour autant, il faut que l’ambition globale soit suffisante pour permettre de limiter le réchauffement climatique à 2°C d’ici la fin du siècle. Quel mécanisme créer au niveau international pour évaluer les contributions présentées par les pays ? Qui peut juger qu’un pays s’engage suffisamment ou non, selon quels critères ? Et comment le pousser à faire davantage si les efforts ne sont pas suffisants ?

Vu l’état de flou qui règne et l’absence de réponses concrètes et consensuelles entre les pays sur ces questions, il est fondamental de nous mobiliser pour que leurs contributions soient à la hauteur des enjeux. Et cela va commencer dès les prochaines semaines avec les annonces des contributions européennes et américaines.

Cela rejoint également la question de la force légale de l’accord de Paris et des contributions nationales. Seront-elles contraignantes ? Et comment s’assurer que ces contributions vont augmenter au cours du temps et que de nouvelles contributions, plus ambitieuses, soient régulièrement produites pour nous remettre sur une trajectoire globale compatible avec un réchauffement limité à 2°C, à savoir une réduction de 40 à 70% des émissions mondiales de CO2 entre 2010 et 2050.

Se pose aussi la question des moyens: le financement dans le régime post-2020 (et les moyens pour mobiliser les 100 milliards de dollars/an promis d’ici 2020 pour le Fonds Vert) reste au cœur des débats : il s’agit de financer les changements et investissements nécessaires pour un développement sobre en carbone, mais également d’aider les pays les plus vulnérables à faire face au changement climatique (voire, comme le demandent certains pays, à obtenir des « compensations » face aux « pertes et dommages » liées au dérèglement climatique).

Toutes ces questions sont sur la table des négociations et, si elles ne seront sans doute pas toutes réglées d’ici Paris, il est fondamental qu’une compréhension commune et partagée par tous les pays, sur les moyens et les mécanismes internationaux qui devront être mis en œuvre pour faire face au dérèglement climatique, se dégage dans les mois à venir.

Cette semaine à Genève a permis à chaque pays de s’exprimer et de présenter ses idées. Mais les réelles négociations ne semblent pas avoir encore commencé. Quand va-t-on dépasser le simple ajout d’options les unes à la suite des autres et commencer à travailler sérieusement sur les fondements du futur régime climatique international ? Le dérèglement climatique et ses impacts n’attendent pas, la COP 21 approche, il est crucial que la prochaine série de négociations permette des avancées plus concrètes. Et c’est notre rôle à toutes et tous de continuer à nous mobiliser pour montrer que les solutions sont là, que la transition est en marche, et que Paris doit aboutir, sans délai possible, à un accord international universel, ambitieux, équitable et inclusif qui nous permettent, collectivement, de répondre à ces enjeux.

Pour des compte-rendus quotidiens des négociations (en français), consultez 

 

Ce texte a été écrit par les responsables du groupe national COP 21.

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