Au début du mois d’avril 2012, la compagnie Chevron, quatrième plus grande société américaine et deuxième parmi les six géants du pétrole, annonçait la cessation de ses activités d’exploration et d’extraction du gaz de schiste en Roumanie. Cette décision faisait suite à la multitude des inquiétudes exprimées par la population quant à la pratique de la fracturation hydraulique. De nombreuses manifestations ont eu lieu dans le pays et surtout dans les villes de Vama Veche et de Două Mai au sud-est de la Roumanie, là où les opérations d’exploration devaient être menées. Réciproquement en Bulgarie, Chevron s’est vu barrer la route ; le Parlement y a adopté une interdiction sur les activités de forage ciblant le gaz de schiste en janvier, là encore suite à des manifestations sans précédent.
Au niveau européen pourtant, la bataille européenne contre le gaz de schiste ne fait que commencer. Après l’examen hier par la commission des pétitions du Parlement européen de deux pétitions déposées par des citoyens bulgares et polonais contre l’exploitation des gaz de schiste, la commission de l’environnement a débattu aujourd’hui d’une proposition de rapport d’initiative sur les impacts environnementaux de l’exploitation des gaz de schiste. Alors que les citoyens européens maintiennent leur mobilisation, les industriels s’affairent en coulisse pour discréditer les risques environnementaux pointés du doigt par les écologistes.
Pour les eurodéputés EELV, « En l’état actuel des connaissances scientifiques, l’idée d’un moratoire doit prévaloir à toute décision définitive. »
Selon Sandrine BELIER, « La mobilisation citoyenne contre les gaz de schiste au niveau de l’UE ne fait que commencer. Les pétitions bulgares et polonaises traitées hier par la commission des pétitions montrent une prise de conscience et des inquiétudes grandissantes des populations vis à vis des dangers de l’exploitation de cette énergie non conventionnelle (eau, paysage,…). Sont annoncées de futures saisines du Parlement par des citoyens français, anglais, roumains et belges. La nécessité de renforcer les règles sur la transparence et les évaluations préalables à toute exploration ou exploitation relève plus que jamais de la responsabilité de l’Union européenne. »
Pour Michèle RIVASI, « Le vif débat de ce matin est symptomatique de la question des gaz de schiste : en l’absence d’études d’impact officielles, qui devraient être publiées mi 2012, il est urgent d’attendre. Alors qu’on annonçait la publication attendue du rapport de l’Agence environnementale américaine (EPA) pour fin 2011, l’échéance est constamment repoussée sous pression du lobby des gaz de schiste. Une chose est sûre pour l’instant, la directive sur l’évaluation des incidences environnementales doit être révisée : elle exempte les gaz de schiste d’études d’impact du fait d’un seuil d’extraction de gaz quotidien bien trop élevé (500 000 mètres cubes par jour) ».
Enfin Yves COCHET, eurodéputé EELV explique : « Selon une étude menée par le géophysicien Robert Howarth en 2011, à l’Université de Cornell, la contribution de l’exploitation du gaz de schiste au dérèglement climatique est supérieure à celle du charbon, notamment à cause des inévitables fuites de méthane. En outre, dans un article du New York Times du 26 juin 2011, il est montré que la profitabilité de l’exploitation des gaz de schiste est incertaine sur le long-terme. »