Samedi 23 juillet, à Libreville, une marche pacifique de l’opposition et de la société civile gabonaises a été réprimée par les forces de l’ordre. Cette manifestation protestait contre la candidature de l’actuel chef de l’État, Ali Bongo Ondimba, à l’élection présidentielle du 27 août. Elle a été dispersée violemment malgré la présence de plusieurs leaders de l’opposition dont deux des principaux candidats à la future élection, Casimir Oyé Mba et Guy Nzouba-Ndama, ancien Premier ministre et ancien président de l’Assemblée nationale. Plusieurs journalistes ont été également ciblés et brutalisés, notamment Jean Rovis Dabany, correspondant de l’AFP, roué de coups par un groupe de policiers avant d’être hospitalisé en urgence.
La répression de cette manifestation n’est malheureusement qu’une des multiples exactions commises par les autorités gabonaises, depuis le 9 juillet, date du dépôt de la candidature d’Ali Bongo. Depuis ce jour, diverses manifestations ont été empêchées et, surtout, de nombreux responsables de la société civile ou de l’opposition ont été arrêtés de manière arbitraire, parfois au terme d’une véritable chasse à l’homme. On peut notamment citer les responsables syndicaux Jean-Rémy Yama, Roger Ondo Abessolo et Cyrlin Koumba Mba Essiane, les opposants politiques Firmin Ollo Obiang, Jeff Blampain, Curtis Koumba et Fortuné Edou Essono, les leaders des « Jeunes des Mapanes » (mouvement de jeunes issus des quartiers populaires), Gael Koumba Ayouné et Rovelt Maye, ou encore les rappeurs Lord Helkhaas et Marhin Pakh. Au total, près d’une trentaine de personnes ont été arrêtées pour des motifs politiques.
Depuis la veille du dépôt de candidature, le 8 juillet, le gouvernement gabonais a déclenché l’opération militaire « Nguené ». Elle permet de déployer, de manière massive, les forces armées et de leur attribuer des pouvoirs très étendus au motif d’une menace terroriste extrême et imminente. Menace à propos de laquelle le gouvernement n’a pas jugé utile de donner de précisions, ce qui n’a pas manqué de surprendre les populations qui, jusqu’à ce jour, ne se connaissaient pas d’ennemis susceptibles de se livrer à des actions terroristes dans leur pays. Le but évident de cette opération est de créer un climat de peur. Les opposants y voient avant tout un des outils préparant à un nouveau coup de force électoral similaire à celui de 2009.
Europe Écologie Les Verts condamne les violations répétées des droits fondamentaux, notamment celles d’expression et de manifestation. EELV appelle le gouvernement français à faire pression sur les autorités afin qu’elles mettent tout en œuvre pour apaiser la situation, notamment en respectant les libertés fondamentales, en cessant de harceler et intimider l’opposition et en libérant toutes les personnes détenues pour des motifs politiques.
EELV exhorte la France et l’Union européenne, notamment sa Mission d’observation électorale actuellement à Libreville, à accompagner le Gabon afin d’assurer que l’élection présidentielle du 27 août soit pleinement conforme aux standards internationaux et que son résultat soit vraiment l’expression du choix de la population.
Le Gabon connaît depuis plusieurs années une crise sociale et politique inquiétante. L’élection du 27 août doit marquer la transition apaisée vers une démocratie réelle d’un Gabon gérant l’ensemble de ses ressources de manière responsable, écologique et au mieux des intérêts de ses populations.
Il est de l’intérêt bien compris de la France d’œuvrer en ce sens plutôt qu’en persistant à apporter son soutien à un pouvoir autoritaire comme elle vient encore de le faire en prenant parti de manière incompréhensible pour Ali Bongo Ondimba dans l’épineux dossier de son acte de naissance. C’est précisément ce type de soutien inconditionnel qui légitime les atteintes insupportables aux démocraties africaines et les fragilise dans le même mouvement.
Julien Bayou et Sandra Regol, porte-parole nationaux