INTERVIEW – Dans une interview accordée à «20Minutes», Eva Joly plaide également pour un effacement supplémentaire de la dette grecque…
Pour Eva Joly, candidate d’Europe Ecologie-Les Verts à la présidentielle, le remède de cheval imposé à la Grèce n’est pas le bon. Elle nous livre sa prescription en plus de porter un jugement sévère sur le déroulement duG20 qui se tient à Cannes jusqu’à vendredi.
A l’occasion d’une conférence de presse en marge du G20, Nicolas Sarkozy a martelé que la zone euro devait envoyer un message crédible au sujet de la situation en Grèce. Vous a-t-il convaincue?
J’ai trouvé qu’il n’avait plus de vision. Il semblait très désarçonné par la décision initiale de George Papandréou de recourir à un référendum. L’idée d’imposer contre l’avis de la population des mesures de restriction n’a jamais marché. Il faut l’adhésion populaire.
Comment la Grèce peut-elle s’en sortir?
Ce ne sont pas les retraités ni les fonctionnaires qui ont triché dans les comptes. Pourtant, on leur en fait supporter toutes les conséquences. Demander aux gens qui gagnent 600 euros par mois de baisser encore leurs revenus n’est pas une solution viable.
Les riches grecs ne paient pas d’impôt. La Grèce a un budget militaire insensé, supérieur à celui des Américains en pourcentage du PIB. On pourrait commencer à chercher de l’argent dans ces directions. Mais pourquoi les Allemands et les Français ne demandent pas une réduction du budget de l’armée? Parce que cela permet à la Grèce d’acheter des armes aux Français et aux Allemands et donc de faire tourner nos industries.
Actuellement, on met une pression folle sur les épaules des autorités grecques. Il faudrait également revenir sur l’accord de la stabilisation de la zone euro du 27 octobre. Il prévoit que la dette grecque soit ramenée d’ici à 2020 à hauteur de 120% du PIB. Ce n’est pas tenable. Il faudrait ramener la dette grecque à hauteur de 80% du PIB. En attendant, le couple franco-allemand fait prendre un risque considérable à la zone euro avec un risque d’effet domino qui pourrait toucher d’autres pays comme l’Italie. Une sortie de la Grèce de la zone euro serait catastrophique.
Qu’est-ce que vous attendez de ce G20?
Nicolas Sarkozy avait préparé ce G20 pour se donner une crédibilité internationale. C’est un échec. Il voulait réduire la volatilité du prix des matières premières, réformer le système monétaire… On n’en parle plus. On ne parle que de la Grèce qui est un problème conjoncturel mais qui ne devrait pas accaparer le G20. Nicolas Sarkozy est happé par le court-termisme.