De nombreuses citoyennes et de nombreux citoyens font savoir qu’elles et ils se mobiliseront le 17 novembre contre le prix du carburant et contre la vie chère.
Ce mouvement spontané, même s’il est l’objet de tentatives de récupérations politiciennes, doit être entendu. Il est l’expression d’une colère nourrie par un légitime sentiment d’injustice.
Ainsi, Europe Écologie – Les Verts déplore les choix politiques de gauche comme de droite des 50 dernières années qui ont conduit à déménager le territoire en prétendant l’aménager : étalement urbain, multiplication des centres commerciaux, aménagement routiers et autoroutiers, espaces urbains dédiés aux voitures, allongement des parcours domicile – travail, disparition des services publics et des commerces de proximité, fermeture des lignes de chemin de fer et des gares, encouragement à acheter des véhicules diesel.
Si la fiscalité du carbone impliquant l’alignement des taxes sur le diesel sur celles de l’essence est nécessaire, Europe Écologie – Les Verts déplore l’exonération fiscale dont bénéficie le kérosène pour les avions et le fioul lourd pour les bateaux de croisière et les porte-containers.
Le choix actuel du Gouvernement de n’orienter que 19% de la fiscalité carbone à la transition énergétique est à la fois injuste socialement et inefficace écologiquement. Sans le financement d’alternatives, les personnes dépendantes de leurs voitures pour leurs déplacements continueront de s’en servir. Cette fiscalité ne permettra donc pas de baisser les émissions de CO2. À cela s’ajoute l’injustice sociale car ce sont les plus pauvres qui ressentiront le plus violemment la hausse du prix du carburant.
Europe Écologie – Les Verts réaffirme la nécessité de découpler le développement de notre société de sa dépendance au carbone.
La course à l’accaparement des dernières gouttes de fossiles est annonciatrice de grands périls. Au niveau géo-politique, elle implique la prescription de tensions, de chaos, de conflits armés, en Irak, au Yémen, en Libye ou en Syrie. Au niveau social, elle conduit à une rupture de plus en plus brutale entre celles et ceux qui pourront encore jouir de déplacements carbonés et les autres. Elle conduit à l’accélération du changement climatique qui rend inhospitalier des territoires de plus en plus vastes sur notre planète entrainant des migrations subies qui seront de plus en plus massives. Au niveau environnemental, ces changements climatiques et cette économie extractive détruisent la biodiversité à un rythme inédit depuis la disparition des dinosaures. Au niveau économique, elle rend l’Europe dépendante de ressources inexistantes sur notre continent et donc vulnérable à des facteurs que nous ne maîtrisons pas.
Europe Écologie – Les Verts n’appelle pas à la journée de blocage du 17 novembre. À la coalition des rejets et des colères, nous préférons appeler à la construction d’une coalition de projet.
C’est pourquoi, dans le cadre de la réflexion sur la fiscalité carbone et de la journée du 17 novembre, EE-LV rappelle:
– que le prix des énergies fossiles, de plus en plus rares et chers, va continuer d’augmenter. Il est donc indispensable de mener des politiques publiques afin de réduire et de décarbonner les déplacements.
– que la pollution de l’air et la dépendance aux énergies fossiles ont un coût économique et sanitaire : alors que la France versait en 2016 1,41 milliard d’euros de subventions annuelles à la production d’énergies fossiles, leur impact sur la santé est estimé à 16,5 milliards d’euros par an. Autrement dit, la France paye 12 fois en dépenses de santé ce qu’elle dépense en subventions pétrole.
L’enjeu de l’écologie telle que nous la défendons est de ne jamais opposer la menace de la fin du monde et la crainte de la fin du mois. Pour répondre à l’urgence sociale, climatique et sanitaire Europe Écologie – Les Verts propose:
– la fiscalisation du « carburant des riches », le kérosène. C’est dores et déjà possible pour les vols intérieurs. Il faut également l’obtenir au moins au niveau européen pour les vols internationaux en révisant la convention internationale de Chicago qui date de… 1944.
– la fiscalisation du fioul lourd pour les porte-containers et les bateaux de croisière.
– l’utilisation de 100% des recettes de la fiscalité carbone pour la transition énergétique: transports collectifs, efficacité énergétique, valorisation du passage de la voiture au vélo pour celles et ceux qui en ont la possibilité.
– l’accompagnement des plus fragiles pendant la période de transition par des chèques énergies sur critères géographiques et sociaux.
– la « réparation » des territoires avec un moratoire sur les nouveaux équipements routiers et l’étalement urbain. Conditionner l’urbanisation autour des axes de transport en commun structurants, déployer équitablement les services publics et les commerces de proximités, aménager l’espace urbain pour le rendre facilement accessible sans voiture.
– le désinvestissement carbone en stoppant les investissements dans l’extraction des ressources fossiles et en les réorientant vers les économies d’énergie et le renouvelable.
David Cormand, secrétaire national
Julien Bayou et Sandra Regol, porte-parole nationaux