Les conclusions du rapport d’étude balistique commandé par les juges Marc Trévidic et Nathalie Poux dans leur enquête sur l’attentat du 6 avril 1994 qui a coûté la vie aux présidents rwandais Juvénal Habyarimana et burundais Cyprien Ntaryamira et précipité le début du génocide des Tutsis au Rwanda, sont sans appel : les missiles qui ont détruit l’appareil du président Habyarimana ont été tirés du camp militaire de Kanombe, tenu par les loyalistes hutus, et non depuis la colline voisine de Masaka, tenue à l’époque par le Front patriotique rwandais (FPR). Si ces conclusions invalident l’orientation donnée à l’enquête depuis 1998 par le juge Jean-Louis Bruguière, qui avait délivré en 2006 des mandats d’arrêt à l’encontre de neuf responsables du FPR, dont l’actuel président rwandais Paul Kagamé, elles éclairent aussi d’un jour cru l’absolue préméditation du génocide par les extrémistes hutus au sein d’un gouvernement très activement et militairement soutenu par la France, notamment à partir de 1990.
Depuis 18 ans, la polémique qui entoure cet attentat sert d’écran de fumée pour masquer d’autres questions et responsabilités importantes. Ce rapport d’expertise est un premier pas dans la recherche de la vérité historique sur le génocide des Tutsis, mais aussi sur la question de l’implication de la France dans cette tragédie. Il est aujourd’hui nécessaire d’aller au bout de cette démarche, en déclassifiant toutes les archives liées à cette période, en faisant tomber les protections dont bénéficient certains présumés génocidaires résidant en France, et en instaurant enfin une commission d’enquête parlementaire sur la coopération franco-rwandaise de 1990 à 1994, ainsi que les écologistes le demande depuis le 7 avril 2011 (voir notre communiqué « Rwanda : l’Etat français doit regarder son passé en face » : https://transnationale.eelv.fr/
Un changement de majorité politique en France doit être l’occasion de prendre ces décisions. Europe Ecologie Les Verts appelle ses partenaires de la gauche et de l’écologie parlementaires à s’engager dès maintenant sur une position claire et unifiée en vue de faire toute la lumière sur le rôle joué par la France avant, pendant et après le génocide au Rwanda… Cet engagement commun serait pour notre pays un premier pas dans la refondation de relations avec l’Afrique qui soient respectueuses des êtres humains et plus largement vivants.