Cette semaine a de quoi faire tourner la tête. Elle avait pourtant bien commencé, mardi 14 octobre, avec le vote en première lecture à l’Assemblée du projet de loi sur la transition énergétique. Après la mise en place d’une commission d’enquête et un long travail parlementaire où les écologistes se sont particulièrement mobilisés, le résultat est là : un grand pas en avant de l’histoire énergique française. Pour la première fois le nucléaire est plafonné et n’apparait plus comme horizon indépassable de la production d’électricité en France. En outre, des objectifs ambitieux pour les énergies renouvelables et de réduction de la consommation énergétique sont fixés. Cette étape positive, qui devrait permettre la création de nombreux emplois sur le territoire français, montre qu’il est possible de faire des réformes en travaillant collectivement.
Et pourtant. L’abandon, en pleine discussion de la loi, de la pollutaxe poids lourds est une sinistre preuve de l’absence de vision globale de l’écologie. Au-delà du véritable coup de canif dans le principe pollueur-payeur, c’est une très mauvaise nouvelle pour le financement des projets d’infrastructures de transports en commun portés par les collectivités. Alors que l’urgence écologique et sociale exige de changer de modèle pour protéger nos emplois et la santé des Français, on renonce une nouvelle fois face au conservatisme et à la pression des lobbies. Ce renoncement s’est doublé d’un sentiment d’improvisation avec la surprenante proposition de Ségolène Royal de rendre les autoroutes gratuites le week-end. Un contre sens historique à l’heure où l’urgence est de récupérer un magot privatisé par une poignée d’entreprises.
Bref, cette semaine restera dans les annales comme la démonstration que le changement est possible, mais que l’écologie n’est pas prise en compte de manière globale par le gouvernement. Ce dernier y voit plus un axe de communication qu’un véritable projet de société.
Emmanuelle Cosse, secrétaire nationale d’EELV