Enseignement Supérieur et Recherche (ESR): une copie à revoir d’urgence, selon la Commission ESR d’EELV
Paradoxalement, c’est le ministre de l’Intérieur qui a pris la mesure la plus concrète et positive de ce gouvernement en matière d’Enseignement Supérieur et de Recherche (ESR), en abrogeant dès mai 2012 la scandaleuse circulaire d’Hortefeu sur les étudiants étrangers. On peut également saluer l’annonce juste avant l’été d’une revalorisation de certaines tranches de bourses étudiantes – même si on reste encore très loin du revenu étudiant réclamé par les écologistes.
Pour le reste, le bilan de la première année du Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche est franchement insuffisant, pour ne pas dire innacceptable, tant sur le fond que sur la forme. Sur la forme, car la ministre Fioraso se montre extrêmement peu ouverte aux apports des écologistes, avec qui elle entretient des rapports notoirement exécrables depuis ses années passées à promouvoir à tout crin les nanotechnologies. Sur le fond, car l’action gouvernementale en matière d’ESR ne marque aucune rupture avec celle de la droite.
Cette tendance à la continuité était manifeste dès la préparation du budget à l’été 2012 :
- le Crédit Impôt Recherche demeure une gabegie frisant les 6 milliards d’euros ;
- les financements extra-budgétaires et les structures liées aux Programme d’Investissements d’Avenir lancé sous Sarkozy (Idex, Labex, SATT…) perdurent ;
- le Glissement Vieillesse Technicité est toujours superbement ignoré dans les calculs de dotation publique, plaçant les Universités et les organismes dans une situation intenable ;
- Aucune action concrète n’a été engagée pour réduire la précarité qui concerne au bas mot 50000 personnes – les 1000 postes annuels annoncés sont dérisoires et de plus ils sont destinés à des professeurs du secondaire qui enseignent dans le supérieur (PRAG) ;
- La timide réduction du budget 2013 de l’Agence nationale pour la recherche (ANR) n’a pas réellement bénéficié aux organismes de recherche.
L’automne 2012 a vu se dérouler des Assises de l’ESR. EELV a directement contribué à cette réflexion, tout en en déplorant la forme choisie, qui limitait fortement les possibilités d’expression de la communauté. Le rapport qui en a été tiré était néanmoins riche en propositions pertinentes. Hélas, la loi Fioraso, débattue au printemps 2013, n’en a repris qu’une fraction dérisoire. De nombreuses améliorations ont été introduites dans le texte au cours de la discussion parlementaire, en premier lieu par les éluEs EELV : relations science-société, reconnaissance du doctorat, renforcement du poids des élus dans les conseils des nouvelles « communautés d’universités ». Malgré cela, le texte final, bien trop focalisé sur la valorisation économique de la recherche, ne répond pas aux problèmes de fond de l’ESR. Il rate complètement l’objectif de simplification puisqu’il laisse intactes les structures mises en place par la droite (et le nouveau Haut conseil à l’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur – HCERES – ne fait pas exception: le changement est largement cosmétique). Il ne dit rien sur les moyens financiers ni humains. Et le droit d’accès automatique aux filières sélectives achève de marginaliser l’Université parmi les formations supérieures.
L’action gouvernementale en matière d’ESR est pour l’heure plutôt désespérante tant elle s’inscrit dans la continuité de l’action des gouvernements précédents. Les réformes qui permettront de libérer les énergies du système français de recherche, de garantir le dynamisme de la recherche amont, d’assurer la réussite du plus grand nombre et de faire davantage de place à la formation par la recherche restent à écrire. EELV est une force de proposition sur ces questions et doit impérativement être davantage écouté.