Le Premier ministre vient d’annoncer l’enterrement de la mesure phare de la loi ALUR pour le logement, l’encadrement des loyers.
Ainsi donc, les multiples engagements pris dans la campagne présidentielle auprès des associations de lutte contre le mal-logement ou devant l’Assemblée n’auront pas tenu longtemps face à l’offensive idéologique des lobbies immobiliers.
Il n’aura fallu que quelques semaines pour voir la loi ALUR accusée de tous les maux : panne du secteur immobilier, rigidités diverses alors que l’immobilier français reste parmi les plus dynamiques d’Europe. L’encadrement des loyers est pourtant une mesure indispensable dont le principe est d’ailleurs issu des engagements de campagne du président et dont les modalités ont fait l’objet d’un riche débat démocratique au Parlement.
Attribuer les mauvais chiffres de la construction à la loi ALUR revient à oublier que la moi n’est pas encore pleinement effective et que la dégradation des chiffres date de bien avant.
EELV dénonce l’abandon en rase campagne d’une mesure juste et nécessaire. Le loyer moyen des locataires a en effet doublé par rapport à leur revenu depuis 1970. Or le logement n’est pas un produit ordinaire mais un bien de première nécessité. Et la première crise a régler est celle du mal logement.
Pour EELV, cette capitulation illustre la faiblesse de l’exécutif vis à vis des différents lobbys qui se parent de l’intérêt général pour défendre leurs intérêts boutiquiers. Alors qu’on compte près de 4 agences immobilières pour une boulangerie, l’abandon de l’encadrement des loyers ne servira ni la construction ni l’intérêt des français mais les profits des différents intermédiaires qui alourdissent le coût du logement, à l’achat comme à la location. Les différents abbatements et cadeaux fiscaux envisagés ne serviront que les ménages les plus aisés.
Entre la régulation et l’intervention publique, il ne faut pas choisir tant la crise du logement est grande et pèse sur la vie de nos concitoyens. La régulation du secteur du logement est nécessaire. Un effort massif de renovation-construction est primordial pour tout à la fois déserrer l’étau de la pénurie, réduire les factures d’électricité et créer durablement des dizaines de milliers d’emplois non-délocalisables.
Pour la première fois une loi protégeait réellement les locataires, il est regrettable que le gouvernement préfère l’intérêt des agents immobiliers.
Julien Bayou et Sandrine Rousseau, porte-parole nationaux