Les écologistes seront présents dans la moitié des cantons en France.
Quelles que soient les stratégies choisi-es, leur ambition est de renforcer la présence des écologistes dans les assemblées départementales.
Malgré un scrutin peu lisible, où les compétences des départements évoluent mais ne sont pas encore définitivement connues des électeurs et des électrices, ni même des candidat-es car non encore votées définitivement par le Parlement ; les candidat-es écologistes proposent leurs solutions et une alternative écologiste, solidaire et citoyenne partout où elles-ils seront présent-es.
Une seule nuance de rose, 50 nuances du vert au rouge…
Pour ces élections départementales, le ministère de l’intérieur a fait parvenir aux préfectures une nomenclature officielle des nuances politiques que le Préfet attribue aux différentes candidatures en lice. Cette disposition, habituelle, est aujourd’hui détournée de son rôle traditionnel à la faveur d’un mode de scrutin particulier : majoritaire binominal mixte à deux tours. Si ce mode de scrutin permet de garantir la parité de résultat, ce qui est une bonne chose mais qu’un mode de scrutin proportionnel paritaire aurait également garanti de la même façon, il donne l’opportunité aux préfets de déterminer eux-mêmes l’appellation de ces binômes.
Ainsi, le Gouvernement a décidé de s’octroyer l’appellation « Union de la Gauche ». Quand le Parti Socialiste est candidat avec un partenaire, quel qu’il soit, il bénéficie de cette nuance. Dans l’évaluation des résultats officiels, les scores des candidatures soutenues uniquement par le Parti Socialiste seront ainsi ajoutés aux scores des candidatures « Union de la gauche ». C’est comme cela que le PS se verra aggloméré à son score celui des partenaires qui seront alliés avec lui.
Idem pour l’UMP qui bénéficie du même traitement de faveur. Dans le cadre des candidatures UMP-UDI, forts nombreuses, la nuance attribuée sera « Union de la Droite ».
Même nomenclature, même avantage: au moment de l’annonce des résultats, l’UMP se verra créditée de fait des voix des partenaires avec lesquels elle est alliée. Cette manière de compter les voix n’est évidemment pas innocente. Il s’agit de créer l’illusion que les deux principaux Partis républicains sont très majoritaires dans leurs sphères partisanes respectives.
Et pour faire bonne mesure, le Gouvernement, par l’intermédiaire de la même nomenclature du Ministère de l’intérieur, balkanise artificiellement le décompte des scores des offres politiques alternatives à celles soutenues par le PS.
A la façon d’une formule d’Audiard, le Gouvernement disperse façon puzzle le décompte des voix qui se porteront sur les candidatures PC, PG, FDG, Nouvelle Donne et EE-LV ou des alliances regroupant tout ou partie de ces différents partis.
Ainsi, pour chacune de ces candidatures, une « nuance » officielle différente: « PC », pour les candidatures PC, « PG », pour les candidatures PG, « FdG », pour les candidatures PG et PC unis, « VEC » pour les candidatures EELV autonomes.
Et pour faire bonne mesure, dans le cas d’alliance entre ces forces, on les regroupe au sein de la nuance officielle floue et anonyme de « Divers gauche ».
L’objectif, grâce au droit que s’est octroyé le Gouvernement de nommer les Partis qui le concurrencent et dans le même temps d’accaparer les voix de ses alliés, est d’illustrer de façon artificielle le fait qu’en dehors du Parti Socialiste, point de salut.
Le discours du Premier Ministre qui pourrait se résumer par: « c’est ma gauche ou le chaos » sera donc avantageusement mis en scène par cette modalité partisane de décompte des voix.
Des sondages dont les résultats sont faussés
C’est aussi par cette manoeuvre que les sondages annoncent des résultats farfelus pour les candidat-es écologistes. Mais aussi pour les candidatures UDI par exemple…
Ainsi, les candidat-es EELV seraient crédité-es de 2% des voix, les candidat-es UDI de 1%…
En réalité, ces sondages s’expliquent par le fait que les instituts qui rapportent ces chiffres interrogent les sondé-es en fonctions des candidatures présentes sur leurs cantons, selon la nomenclature du ministère de l’intérieur.
Les candidatures dont la nuance est « VEC », c’est à dire, pour le sondeur qui utilise, légitimement, les fichiers du Ministère de l’intérieur, sont au nombre de 400 sur 2058 cantons en tout.
Ainsi, dans près de 80% des cantons (et donc pour 80% des personnes sondé-es), il n’y a pas de choix EELV qui est proposé.
Idem pour l’UDI qui est, dans la plupart des cas, allié à l’UMP.
En revanche, des instituts de sondages qui travaillent à partir de l’offre « réelle », c’est à dire sur la base d’une proposition de 5 candidatures par canton (la moyenne nationale étant de 4,5 candidatures par canton), arrivent à des projections de 8 à 10% pour les candidatures EE-LV.
La grande inconnue est le score des candidatures qui réuniront le soutien de EELV et du FDG, puisque ce cas de figure n’a pas d’appellation spécifique pour le Ministère de l’intérieur et est noyé dans l’appellation « Divers gauche ».
Front National et culpabilisation des autres Partis, ainsi que des électrices et des électeurs : place aux faits
Ce mode de décompte a aussi pour effet de faire ressortir le vote FN qui est présent dans la quasi-totalité des cantons.
Il contribue ainsi à jouer sur la peur – et même l’ « angoisse »…- des électrices et des électeurs justement préoccupé-es par la montée de l’extrême droite dans notre pays. Tout d’abord, compter sur la culpabilisation des françaises et des français pour faire reculer le Front National et espérer ainsi une forme de « vote utile » est un jeu dangereux et de moins en moins efficace.
Le mieux serait de s’attaquer aux causes profondes qui motivent le vote Front National, ce que les grands partis traditionnels semblent avoir renoncé à faire, soit en intériorisant certaines des thématiques frontistes, soit en renonçant à mener le débat d’idées sur les valeurs.
Mais abordons les faits objectivement, c’est à dire par les chiffres.
Sur les 2058 nouveaux cantons, le Front National a réalisé un score supérieur à 25% des exprimés aux dernières élections européennes dans 1048 cantons, soit plus de 1 sur 2 (Le seuil de qualification pour le second tour aux élections départementales étant de 12,5% des inscrit-es et la participation étant évaluée à 50% pour ces élections, nous avons choisi ce seuil de 25% des exprimés…)
Sur ces 1048 cantons, Europe Ecologie – Les Verts a choisi de ne soutenir, ni de présenter de candidat-es, et cela de façon unilatérale et sans contrepartie, dans 630 cantons, soit quasiment les 2/3.
En plus de ces 630 cantons, sur 75 de ces 1048 cantons, EE-LV est en alliance avec le PS. Dans 14 de ces cantons, EE-LV est en alliance avec le PS et le PC. Dans 182 de ces cantons, EE-LV est en alliance avec tout ou partie du FdG.
Ainsi, EE-LV ne présentera des candidatures autonomes que dans moins de 15% des cantons où le FN serait en situation de se qualifier au second tour.
Ces chiffres objectifs démontrent que l’opération de communication culpabilisante à l’encontre de EE-LV visant à affirmer que la présence de candidat-es écologistes feraient le jeu du FN est non seulement politiquement douteuse mais est surtout factuellement fausse.
Europe Ecologie – Les Verts, dans son souci constant de transparence rend donc publique la liste des cantons où le risque FN est identifié en fonction du scrutin précédent, et la stratégie choisie par notre mouvement sur ces cantons.
Europe Ecologie – Les Verts communiquera aux instituts de sondages qui en ont fait la demande ainsi qu’aux médias sa propre liste de candidat-es en fonction des étiquettes inscrites par les candidat-es eux-mêmes sur les formulaires de candidatures ; et ce pour que chacun connaisse l’appartenance politique réelle de ces binômes; et non pas celles attribuées par le Ministère de l’intérieur.
Europe Ecologie – Les Verts demande au Ministère de l’intérieur de publier la liste des candidatures en fonction des formulaires de candidatures déposées et non pas en fonction des nuances attribuées par les Préfets.
Europe Ecologie – Les Verts demande au Parti Socialiste, qui semble soucieux de la division des voix au premier tour et fait porter sur ses partenaires potentiels le poids de la division, de communiquer le nombre de cantons « à risque FN » dans lesquels il n’a pas présenté de candidat-es afin, selon son raisonnement, de prévenir ce risque.
Europe Ecologie – Les Verts appelle surtout les citoyennes et les citoyens à se mobiliser pour ces élections départementales et à voter sans peur et en fonction de leurs convictions. Ce n’est pas en renonçant à leurs idéaux et leurs idées que les citoyennes et les citoyens renforcent la démocratie, c’est en votant pour elles.
David CORMAND, secrétaire national adjoint en charge des élections